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mardi, 02 février 2016 15:20

La foi, un jardin

Albert Rouet
L’échelle de la foi
Petites méditations sur la foi
Paris, Editions franciscaine 2014,174 p.

Ce livre, écrit par un Monseigneur, prédicateur, conférencier, écrivain, commence par une exclamation : « Sur la foi, autour de la foi, à propos de la foi, que d’études, de livres, de la savante théologie au roman policier, de lettres d’amour aux critiques les plus acerbes, ont été écrits ! » Et pourtant, dit l’auteur, les jardins secrets ont leurs poètes. Alors, suivons notre poète et tentons de découvrir son jardin.


On y rencontrera des cerfs bondissant de colline en colline, des chevreaux, des renardeaux, de l’amour « qui n’est pas un objet dont on parle » mais une source qui pousse à parler. Il en est de même pour la foi, nous dit Albert Rouet. Qui n’est pas à confondre avec la théologie ... mais qui aurait le parfum de la confiance, du désir, du mouvement vers l’illimité, vers le choix.
L’homme, qui ne détient pas en lui son origine puisque sa naissance vient d’au-delà de lui, doit trouver une base solide pour édifier la vie. Les Evangiles se montrent discrets sur les entretiens avec Dieu. A part le baptême et la transfiguration du Christ, Dieu ne parle pas directement. Son Fils lui-même ne se lance pas dans de grands exposés sur Lui, car Dieu, pour se communiquer, se livre humainement. La foi enfante, met au monde le fruit qu’elle porte, le laisse partir au loin... Le Christ établit ses disciples pour qu’ils aillent et portent du fruit.
La confiance est donc indispensable (la foi est fiançailles). Pourtant, parfois, comme Abraham, il arrive qu’on ne sache plus où aller. A quoi riment tant d’incertitudes sur un trajet imprévisible ? La Bible traite souvent ce thème (ville fortifiée aux portes béantes, citadelle renversée, sécheresse, blessé dédaigné, peuple au cœur endurci) et souligne que depuis la fondation du monde, l’homme est invité à prendre soin des autres.
Dieu a confié la terre aux hommes et en donne le mode d’emploi : le monde est une responsabilité, une histoire à faire, à rendre humaine (sens positif du mot dans le quatrième évangile) et la foi prend cette terre à pleines mains pour la pétrir d’humanité, de justice, de paix, transformant l’argile terrestre en une histoire fraternelle (terre nouvelle et cieux nouveaux : Ap 26,1).
Ce monde, écrit Vatican II, offre à l’Egli­se les pierres de sa construction. Les évangélistes ne cessèrent d’insister sur le fait que Dieu est Celui qui se donne (multiplication des pains, pêche miraculeuse, compagnons d’Emmaüs) jusqu’au Christ qui fit don de lui-même. Croire en celui-ci, c’est remonter de lui à son origine, le sein du Père qui, dans saint Jean, est présenté comme Celui qui, à la manière d’un aimant, attire à Lui. Cette source que l’auteur compare à l’amour, sainte Claire d’Assise en parle comme d’une eau vive qui murmure en elle et qui lui dit : « Viens Père. »
La foi n’est pas une sagesse mais une espérance. Lève-toi et marche !

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