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jeudi, 31 mars 2011 12:00

Fukushima, un nom pour 2000 siècles !

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L'Océan Pacifique porte mal son nom. Dans les tréfonds de ses entrailles, la création y poursuit son douloureux enfantement. Au risque de tourmenter jusqu'à la mort son enfant le mieux réussi et le plus fragile : l'espèce humaine. Fukushima portera désormais et pour des siècles, voire des millénaires, le deuil du jour où les eaux et le feu, dans une union dantesque, fracassèrent la vie de milliers de paisibles travailleurs japonais. Une rupture inouïe entre la nature et la puissance humaine - culminant dans l'exploitation imprudente de l'énergie nucléaire - s'est produite en ce sinistre samedi 12 mars 2011, à 15h36, heure locale. Incontrôlables, impitoyables, conjointement, tremblements de terre et tsunami projetèrent l'enfer sur l'humanité en prenant pour « cibles » les réacteurs d'une centrale certainement surdimensionnée.

Le largage de deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, en 1945, n'était qu'un prélude véniel - si l'on ose dire - face au potentiel destructeur d'aujourd'hui avec près de 400 réacteurs nucléaires mis en service dans le monde depuis une vingtaine d'années. Nous jouons avec le feu. Qui aujourd'hui ne dépend pas du nucléaire pour se chauffer, s'éclairer, réfrigérer ou faire tourner ses usines ? Arrêtons de jouer les hypocrites. Nous sommes tous responsables de l'avenir de l'humanité. Incidents ou explosions gigantesques, stockage des déchets - jusqu'à 6000 générations, dit-on, faites le calcul en siècles ! L'engrenage de l'inconscience prend de telles proportions que nos « infractions » quotidiennes (zut, j'ai oublié d'éteindre la lumière !) font figures de pieuses niaiseries écologiques. Nous sommes dépassés, voire écrasés par nos propres créations. Et l'imbrication des éléments naturels dans la production industrielle mondiale est telle que personne, nulle part au monde, ne peut prétendre échapper à sa part de contribution à la précarité de la création. Fukushima restera un nom, une interpellation, pour des millénaires. A moins de renoncer à l'énergie nucléaire ou de maîtriser son développement.

Les militants écologiques ont encore du pain sur la planche. Vive le vent, les éoliennes, le soleil et toute la batterie des instruments capteurs de lumière et de chaleur ! La fin de tous nos maux ? Pas sûr. Evidemment, quelques jours après la catastrophe japonaise, les Suisses répondaient aux sondages qu'ils n'étaient plus qu'un petit 13% de la population à faire confiance au nucléaire. Ce chiffre ne veut rien dire. Les sondages pratiqués dans l'émotion d'un événement ne font en réalité que repousser la prise de vraies décisions. Concernant le nucléaire, et pour ne prendre que le cas helvétique, les modifications de production annoncées il y a quelques semaines ont été suspendues en attendant des recherches de sécurité plus approfondies. Mais dans un an, dans dix ans, n'en doutez pas, vous contemplerez encore les volutes de vapeur de nos centrales, y compris celles qui sont situées presque en plein milieu urbain ! L'hypocrisie de ce monstre appelé « opinion publique » n'a pas de limite.

Situation désespérée ? Je n'ai évidemment pas la solution. C'est bien avec un ordinateur consommateur d'énergie nucléaire et non avec une plume d'oie que j'écris et imprime mes belles paroles outragées ! Mais la tragédie japonaise ne me fait pas perdre confiance dans le génie humain. Il a su s'adapter à l'évolution de la Terre, il a su passer de la pierre taillée au bronze, et de l'artisanat à la production industrielle. Il a découvert et amplement profité de l'âge du pétrole, il saura s'en passer. Le nucléaire n'est sans doute pas la fin de l'évolution, à moins que la folie humaine - on ne saurait l'exclure - sombre dans la destruction apocalyptique. J'ai trop de foi en l'être humain et en son Créateur pour imaginer une telle déchéance. Mettons nos coeurs et nos intelligences au travail. Et le monde terrestre sera sauvé. Jusqu'au Jour fixé pour son assomption dans la Vie infinie.

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