Les deux thèmes de ce cahier sont apparemment antagoniques, telle une maladie et son remède. Face à la menace de l’explosion démographique et à l’inévitable rétrécissement de l’espace vital, les solutions apocalyptiques ont toujours séduit. Le cinéma, les bandes dessinées offrent de spectaculaires échantillons de massacres qui colonisent l’imaginaire populaire et faussent la perspective.
Lorsqu’il n’a plus été possible de compter sur la sélection naturelle, les catastrophes naturelles, les épidémies ou les guerres pour régulariser la progression de la population du globe, on a recouru aux génocides.
Explorer le thème Musique et identité révèle des surprises. Je fais partie des personnes pour lesquelles le lien avec la musique est compliqué. Dépourvue d’oreille et de mémoire musicales, chantant faux, je suis en outre tétanisée dès que l’on me demande de citer un morceau aimé ou de choisir un disque. Je préfère laisser les animateurs radio ou les bandes aléatoires d’ITunes décider pour moi. Osons un peu de psychologie de café du commerce: on est ce qu’on écoute, comme on est ceux que l’on fréquente!
Elles marchent main dans la main, comme deux sœurs, la révolution et la mort. Des jumelles peut-être, tant elles sont inséparables.
L’une imagine un monde meilleur, le grand bond en avant, et rêve de transformer l’ordre établi.
L’autre, impatiente et violente, lui ouvre le chemin, liquidant le passé sans état d’âme. Sans la mort, telle un animal stoppé dans son élan, la révolution stagne au niveau des utopies; elle garde un goût d’inachevé. Avec la mort, elle devient odieuse. Certaines révolutions, il est vrai, se sont heureusement passées des services de la mort et de la violence pour bouleverser l’Ordre ancien: la révolution des œillets au Portugal (1974), celle de velours en Tchécoslovaquie (1989), la révolution orange en Ukraine (2004).
Éditorial du dernier numéro de notre revue. Découvrez le sommaire du choisir n° 685
De l’infiniment petit à l’infiniment grand de l’Univers, des violentes et meurtrières catastrophes naturelles à la fragilité d’une aile de papillon ou la douceur d’un flocon de neige, de la barbarie la plus sanguinaire aux purs actes d’amour, de la misère et la faim qui tenaillent des populations entières à la richesse indécente de quelques-uns toujours plus fortunés (voir l'article d'E. Perrot), les extrêmes sont de ce monde, constamment et partout. Ils modèlent nos environnements, influencent le cours de l’Histoire, inspirent nos âmes... et choisir, qui se penche sur ce sujet dans son numéro d'été.
La vie est dans le mouvement, disait le Philosophe. Et celle des peuples, dans la marche! Simplement pour vivre? Pour survivre! Si quelques-uns se sont mis en route en quête d’un climat social et économique plus favorable, ou pour mettre leur argent à l’abri, d’autres sont partis pour échapper à des contraintes politiques, aux persécutions, à la famine, à la guerre, à la torture. Laissant derrière eux une patrie, un environnement social, une maison, les tombes de leurs ancêtres et l’album de leurs souvenirs, ils ont fui vers un inconnu à peine choisi.
Difficile de ne pas se laisser affecter par l’actualité. L’année écoulée a égrené son chapelet aux perles amères: attentats, flots de migrants, candidats présidentiels prônant la construction de murs... Plus d’un d’entre nous se sent assommé, voire angoissé, face à ces événements. Les temps sont sombres, répétons-nous à l’envi, nous stimulant mutuellement dans un pessimisme bien appuyé. L’obscurité étendrait son linceul...
Il est passé le temps des idées trop claires et distinctes, lorsqu’il suffisait de se tourner vers une autorité civile ou religieuse pour s’enquérir de ce qui est permis ou défendu, et s’exécuter en toute raideur au mépris des situations concrètes. Aujourd’hui, les normes générales et les règlements ne parviennent plus à baliser une route certaine. Plus que jamais, chacun est renvoyé à sa propre décision. Qui veut respecter le droit doit être capable d’aller au-delà, en conscience, à la lumière de ses propres idéaux.
On le sait depuis peu : on ne se contentera plus de faire « mémoire » au calendrier romain de sainte Marie-Madeleine, mais la liturgie fêtera les 22 juillet Marie de Magdala, comme elle le fait pour la Vierge Marie et pour les apôtres. C’est plus qu’un simple remaquillage d’une sainte trop souvent représentée comme le modèle de la pécheresse à la suite d’une bourde exégétique magistrale du pape Grégoire le Grand (en 591). C’est lui qui conduisit l’Eglise de Rome à faire de toutes les « Marie » (à l’exception de la Vierge) une seule et même femme, et à faire porter à cette « pécheresse » anonyme le nom de Marie de Magdala. L’Eglise orthodoxe, par contre, a toujours fait la distinction entre les différentes Marie.
Il y a un an, au printemps, je me rendais au nord de la Grèce, dans le port de Kavala, anciennement Néapolis, là où Paul, pour la première fois, foula le sol européen. Avec mes compagnons, nous avons relu le récit des Actes des apôtres où Luc raconte comment « une nuit, Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, debout, qui lui faisait cette prière : “Passe en Macédoine, viens à notre secours !” A la suite de cette vision de Paul, nous avons immédiatement cherché à partir pour la Macédoine » (Ac 16,9-10). Ainsi, embarqué avec ses compagnons à Troas sur la côte asiatique, passant près de Lesbos et de Samothrace, Paul débarqua le surlendemain à Néapolis en Europe, pour y annoncer la Bonne Nouvelle.
L’opinion publique a réservé un accueil favorable à la récente Exhortation apostolique Amoris laetitia du pape François sur la famille. Une faveur à la hauteur de l’attente des personnes qui s’interrogent sur l’avenir du mariage et sur la capacité de l’Eglise catholique à proposer un enseignement réaliste. Seuls les partisans du mariage homosexuel et de rares cardinaux plus nourris de droit canon que d’Evangile ont manifesté leur désaccord. Les uns attendaient une reconnaissance, les autres un enseignement dogmatique musclé. En bon jésuite, le pape a surpris tout le monde en empruntant un autre chemin, celui du pasteur conscient de la diversité et de la complexité des situations auxquelles sont confrontées ses ouailles : le chemin du discernement.
La 31e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies s’est clôturée à Genève le 24 mars dernier. Le fonctionnement du Conseil est souvent - et légitimement - critiqué. Cependant il ne faut pas perdre de vue le travail d’enquête gigantesque sur lequel ces sessions reposent. Les comptes rendus des rapporteurs spéciaux se basent sur les expertises d’organisations non gouvernementales engagées dans la défense des droits humains, sur les investigations de journalistes, les témoignages de victimes et des réseaux citoyens d’entraide. Ces milliers d’enquêteurs de par le monde s’impliquent sans relâche, en prenant des risques énormes, parfois même au péril de leur vie. Ils notifient les exactions commises, identifient leurs auteurs et leurs victimes, récoltent des preuves.
« Pas de souci ! » Cette expression, familière et rassurante, fait partie du vocabulaire de bon nombre d’entre nous. Elle court dans les magasins, sur les quais de gare, dans les cliniques, les banques, et même à la maison. Les lecteurs de ce numéro de choisir, au travers des réflexions qui sont proposées sur le travail à l’heure du numérique[1] et sur le « transhumanisme »,[2] vont se réjouir ou s’inquiéter en découvrant ce que les scientifiques nous préparent dans l’ombre. Des recherches dans l’univers médical et technique se développent rapidement. Une logique rigoureuse, notamment dans une perspective thérapeutique, vise à créer des humains toujours plus performants. Ainsi se mijote dans les laboratoires, avec discrétion et efficacité, une forme d’humanité nouvelle. Ainsi certaines avancées technologiques étonnantes nous libèreront à coup sûr des tracas quotidiens et seront accueillies avec bonheur.