S’il est un domaine où il est urgent que politiques, entrepreneurs et société civile agissent de concert, c’est celui de la gouvernance de l’eau. Quelques données suffisent pour s’en convaincre. Selon l’OCDE, 784 millions de personnes sont privées d’eau potable au quotidien. La situation va drastiquement s’aggraver du fait de la pression démographique et du réchauffement climatique. Ainsi, en 2050, près de 4 milliards de personnes seront mises en situation de stress hydrique, c’est-à-dire confrontées à des pénuries d’eau. En ce qui concerne la santé des océans, les nouvelles sont tout aussi alarmantes. Depuis 1970, la population d’animaux marins a diminué de moitié et la grande barrière de Corail se meurt (S. Gardaz, pp. 37-39).
Arrêtons là l’énoncé des catastrophes annoncées. Le fait qu’elles concernent l’eau, source de vie, et touchent tous les continents nous amène à une première bonne nouvelle : il y a, à ce sujet, une volonté d’action internationale coordonnée, même s’il est utopique d’envisager à ce stade une gouvernance mondiale. Alors « les eaux… signe de rencontre pour la communauté humaine », comme l’a appelé de ses vœux le pape lors de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création 2018 ?
L’autre bonne nouvelle -majeure- est que les ressources en eaux, potables ou pas, sont aujourd’hui globalement suffisantes. L’enjeu est de les distribuer plus équitablement (É. Perrot, pp. 15-18) et de les préserver pour les générations futures (Fr. Herren, pp. 19-20), afin d’assurer la survie de l’humanité et la prévention de guerres (O. Hanne, pp. 21-25). La gouvernance de l’eau, partout où elle a pu s’appliquer, s’est révélé être un facteur de pacification efficace entre les parties impliquées (cf. l’article de C. Hamel, à lire sur notre site internet). À cet égard, Manon des sources, de Marcel Pagnol, devrait être offert à tous les dirigeants comme piqûre de rappel…
Aux côtés de l’eau potable, le logement figure aussi parmi les dix indicateurs de la pauvreté de l’ONU. Avoir un abri est essentiel pour se sentir en sécurité, donc apaisé. Des études indiquent même que dans les situations de guerre, la destruction de la maison touche les enfants plus que la mort des hommes (R. Baldy, pp. 41-44). De quoi poser un regard différent sur les sans-abri (C. Fossati et Bl. Hofmann, pp. 49-54) et se pencher avec inquiétude sur le pronostic de 3 milliards de personnes dans le monde qui auront besoin d’un logement convenable d’ici 2030.