Ce n’est que lorsque certaines de ces femmes se sont retrouvées ensemble que leur parole a pu émerger et que chacune a pu réaliser qu’elle n’était pas un cas isolé.
Douze ans après la dictature, environ 300 femmes se sont rencontrées. Pendant de longues années, elles ont partagé dans les larmes pour qu’enfin cette parole soit écrite. Il leur aura fallu plus de 26 ans pour qu’une formulation sous forme de plainte pénale soit possible... Mais lorsqu’on porte plainte, la douleur revient avec ses cauchemars. Aucune de la centaine de plaintes déposées n’a été suivie d’une arrestation... Le combat de ces femmes continue. Leur parole jaillit au nom de toutes les autres. Elles se disent compagnes de misère, mais aussi de résurrection !
Dans cet ouvrage, elles racontent le long parcours pour être capable de parler et de revivre, ainsi que le travail psychologique nécessaire. On peut lire des documents terrifiants sur l’enseignement de la torture, des témoignages de femmes et les minutes de 5 procès civils. On prend acte du refus de la justice de recevoir cette parole et de comment les lois de l’Uruguay protègent encore les tortionnaires, malgré la démocratie. La lutte actuelle se situe au plan international et avec la mobilisation des femmes concernées dans des associations.
Le film proposé avec le livre est une réponse poétique à l’oubli et au service de la guérison. C’est le regard de la génération des enfants de ces femmes sur ces évènements tragiques pour que les fils des uns puissent épouser les filles des autres.