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Michel Porret

lundi, 12 septembre 2022 10:15

La démocratie au péril du ressentiment

Detail d'une statue (XIIe siècle) à l'abbaye Saint-Georges de Boscherville (France) © Philippe Lissac/GodongÀ l’orée de notre monde globalisé, empli de nouveaux périls militaires, antilibéraux, climatiques et pandémiques, quel danger représente le ressentiment pour la démocratie ? Et à l'inverse, comment la démocratie peut-elle combattre la culture politique du ressentiment qui la sape? Ces questions sont au cœur de l'édition 2022 des Rencontres internationales de Genève sur le thème Ressentiments. Périls et espoirs démocratiques (26-29 septembre 2022), présidées par l'historien Michel Porret. La revue choisir y participe cette année.

lundi, 04 mai 2020 12:25

Utopie des Lumières

p26PorretAu temps des Lumières, L’Utopie (1516) de Thomas More génère un enthousiasme appuyé, car le roman escorte l’espoir politique et social du bonheur dans la cité juste, ce qui semble assez paradoxal. Figée dans la perfection, hors de l’histoire, l’utopie en effet force au bonheur, avec l’égalité contre la liberté, alors qu’au XVIIIe siècle l’impératif du bonheur politique en contrat social valide a contrario les libertés légales de l’individu.

Michel Porret, est professeur d’histoire moderne à l'Université de Genève. Spécialiste du siècle des Lumières, ses recherches portent notamment sur l’histoire de l’État moderne et de la justice.

En 1816, la romancière anglaise Mary Shelley rédige à Cologny l’histoire d’une pathétique créature cadavérique qui épouvante la société d’alors. Ce faisant, elle pose les jalons d’un imaginaire littéraire de l’expérimentation humaine et animale, menant à la post-humanité.

Après le Golem (hercule argileux de la kabbale), qu’anime le rabbin Loew dans le ghetto de Varsovie sous Rodolphe II de Habsbourg,[1] la figure de la créature révoltée contre son créateur inspire la romancière Mary Wollstonecraft Godwin, bientôt Shelley. Ayant fui l’Angleterre puritaine de la Regency, elle s’installe en mai 1816 à Cologny (villa Diodati, surplombant Genève), avec sa demi-sœur Claire Clermont et son futur mari, le poète Percy B. Shelley. Les accompagnent l’écrivain Lord Byron et le médecin William Polidori.

mercredi, 15 octobre 2014 10:41

Les Lumières du pénal

Il y a 250 ans, Cesare Beccaria publiait Dei delitti e delle pene, véritable best-seller des Lumières. A l'heure où le populisme pénal ethnicise la criminalité, flatte la vindicte sociale, récuse l'Etat réparateur et prône l'excès pénal pour répondre à la question sociale de la misère et réprimer les indésirables sociaux, la parole humaniste de ce juriste du XVIIIe siècle retrouve tous ses droits.

« Il n’y point de méchant qu’on ne pût rendre bon à quelque chose. » Cet utilitarisme convenu, qu’affiche Rousseau dans le « Contrat social », évoque le fameux mot de Voltaire qui salue Cesare Beccaria en 1766 : « Un homme pendu n’est bon à rien. » Pourtant, de même que Montesquieu ou Kant, Rousseau adhère pleinement à l’utilité supposée de la peine capitale. Un aspect de sa pensée, à redécouvrir à l’occasion du tricentenaire de sa naissance.