Depuis une douzaine d’années, tous les médias se rallient à l’image. Avec cet impératif: attester la réalité qu’elle montre en étant «dessus». Sinon, autant renoncer à exister.
À la longue, la phrase imprimée fatigue. Sans attendre, la parole s’envole. L’image, elle, percute. Même banale, même confuse. Avec le développement du Web 2.0, qui a vu s’installer les réseaux sociaux, rien d’autre ne semble aussi digne d’attention dans les médias. Pour le meilleur, que sont les reportages photographiques ou de télévision, depuis des décennies. Pour le pire, qui tient à cette manie nouvelle de l’image de soi à tout bout de champ, comme substitut –ses adeptes disent complément– aux moyens de communication traditionnels.
56e Biennale de Venise,
jusqu’au 22 novembre 2015
Pavillon des immigrants apatrides anonymes. Accompagnée d’une flèche, l’inscription est portée au pochoir sur le dernier pont qui enjambe le canal avant l’Arsenal, l’un des deux lieux qui constituent l’ossature de la Biennale de Venise. Elle ne se réclame pas de l’art des rues. Elle est un acte politique. Le curateur de la Biennale Okwui Enwezor, Américain d’origine nigériane, l’a voulu ainsi. Dans un auditoire aménagé au cœur du pavillon central des Giardini, lecture du Capital de Karl Marx.
Un souffle étrange passe cet été sur la lagune. Le thème de la Biennale 2013 est repris d'un utopique Palais encyclopédique (Il Palazzo Enciclopedico) imaginé dans les années 1950 par un artiste autodidacte italo-américain, Mari no Auriti. Une gigantesque tour pyramidale de 700 m de haut, entourée au sol d'une couronne de colonnades et destinée à rassembler la totalité du savoir et du savoir-faire humain.