banner societe 2016

Société

Dans notre contexte chahuté de perte de repères, l’existence de lieux et d’organes de débat, de documentation et de réflexion structurés est essentielle. Force est, malheureusement, de constater la disparition en Suisse romande de deux médias qui leur était justement dévolus: Domaine public et choisir.

Successivement député socialiste du canton de Genève, conseiller national genevois, président du PS genevois et maire d’Onex, René Longet est aussi un pionnier de l’écologie et un défenseur des droits des peuples autochtones. Auteur de nombreux ouvrages et articles, il écrit pour choisir depuis 1975.

Couverture de choisir, n° 205, janvier 1977 © choisirDe 1959 à 1963, choisir, alors jeune revue jésuite de Suisse romande, outre ses thèmes éthiques, œcuméniques, culturels, s’ouvrait à la question de la femme dans la société. Défi lancé, avec une rubrique La Femme à la page inaugurée dès le premier numéro par Marthe Macaux. Sous l’adresse «Mes amies», celle-ci invitait les femmes à dialoguer dans ces pages. Souhaitant créer un «carrefour où nous pourrions mettre en commun nos pensées, nos problèmes et, pourquoi pas, nos revendications»,[1] la chroniqueuse y va prudemment. Nous sommes en 1959, et si l’après-guerre reconnaît la force de travail et d’initiative des femmes, vu leur engagement pour suppléer aux hom­mes envoyés au front ou aux frontières, le mouvement d’émancipation des femmes porté par quelques pionnières historiques ne s’est pas encore étendu à la société entière.

Couverture de choisir, n° 574, octobre 2007 de choisir © choisir, photo: Philippe Lissac/GodongLe 19 mai 2022, lors de sa rencontre au Vatican avec les responsables des revues culturelles européennes de la Compagnie de Jésus (dont choisir), le pape François a précisé quelle est, à ses yeux, la mission de celles-ci. Extrait choisi de cet entretien mené sous forme de questions-réponses, diffusé conjointement par toutes les revues culturelles jésuites européennes.[1]

Erin LederreyInformaticienne, la trentaine, Erin Lederrey préside l’Antenne LGBTI de Genève. Avant cela, elle étudiait la théologie à l’Université de Genève. Son souhait? Travailler, un jour, au sein de l'Église. Pour le moment, elle se distingue comme première femme trans aumônière de l'armée suisse. La journaliste Marie Destraz l'a rencontrée. Son article fait écho à deux entretiens à paraître dans notre numéro d'été Douter et changer sans se perdre: Dans la peau d’une femme, entretien avec Mathilde, transgenre par Lucienne Bittar; L’intimité de l’identité de genre, entretien avec Marius Diserens par Céline Fossati.

Spécialiste de la littérature française du XVIIIe siècle, c’est à l’école de Rousseau que Claude Habib s’est mise à revoir sa pensée féministe universaliste, inspirée par Simone de Beauvoir, et à reconnaître la valeur de la division sexuée. Dans son dernier livre sur «la question trans», elle montre comment l’expansion des demandes de transition d’identité suscite de nouvelles interrogations et divisions au cœur du féminisme.

Claude Habib est professeure de littérature et linguistique françaises à l’Université de Paris III. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Esprit et du comité de la collection Littérature et Politique aux éditions Belin. Elle a écrit plusieurs ouvrages autour des relations amoureuses et un livre récent sur La question trans (Gallimard, 2021). Nathalie Sarthou-Lajus, est philosophe, rédactrice en chef adjointe de la revue Études.

À 26 ans, Marius Diserens se définit comme queer. Mais ne lui demandez pas de se dévoiler davantage. Homme, femme, non binaire... «Les identités de genre permettent à une personne de se définir pour elle-même.» Il, elle ou iel n’a pas l’obligation d’afficher la couleur en public. Son identité de genre fait partie de son intimité. Et certaines identités semblent plus floues que d’autres. Celle de no gender ou de non binaire notamment. Entretien.

Spécialiste en inclusion et diversité, plus particulièrement des questions sur la masculinité et les communautés LGBTQIA+, Marius Diserens a suivi son master en études genre à l’Université de Genève. Il est élu vert au Conseil Communal de Nyon, activiste, professeur de yoga et coordinateur général du festival Les Créatives.

Depuis le 1er janvier 2022, les personnes transgenres et intersexes domiciliées en Suisse peuvent plus facilement changer de sexe à l’État civil. Elles n’ont notamment plus besoin de se soumettre à des examens médicaux préalables.[1] La simplification des procédures administratives vise à alléger un parcours identitaire souvent jalonné de tourments. Mathilde,[2] 55 ans, a entrepris tardivement sa «mutation», officialisée en 2016 par une nouvelle carte d’identité libératrice. Un parcours qu’elle a accepté de relater.

En 2020, Marilia S., 46 ans, se retrouve au chômage forcé par la Covid. Démunie au point de ne plus pouvoir acheter à manger pour elle et sa fille, elle dépasse son sentiment de honte et demande de l'aide à la Caritas de sa région. Depuis, elle a retrouvé du travail et accepté de témoigner à visage découvert. © Ghislaine Heger/Caritas SuisseLes invisibles, les transparents… Deux termes que j’hésite à utiliser pour désigner les 735'000 personnes qui vivent en Suisse au-dessous du seuil de pauvreté (9% de la population) et les quelque 600'000 autres qui se situent juste au-dessus.[1] Les «pauvres» ne sont pas invisibles, ni transparents. Ils et elles sont de chair et d’os comme tout le monde, ils et elles prennent le bus, font leurs courses, amènent leurs enfants à l’école. D’ailleurs, ces enfants sont aussi pauvres et ils sont visibles.

Page 1 sur 16