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Le bonheur est une notion relative. Sa recherche dans la Bible conduit même sur un sentier déconcertant. Selon les deux Testaments, il n’est pas le fruit de notre seul vouloir mais dépend aussi de Dieu. C’est ce qui le rend si aléatoire, mais aussi ce qui permet à l’Homme de gagner en sagesse. Car c’est dans le manque que le désir grandit, se transforme et se tourne vers Dieu.

Jacques Trublet sj est professeur émérite d’exégèse biblique aux Facultés jésuites de Paris.

À Henri Madelin, compagnon et ami depuis 1958, décédé du Covid-19 le 8 avril 2020.

La plage de Sao. Saison de la mousson. Femme sautant par-dessus l'eau. Phu Quoc. Vietnam. © Pascal Deloche / Godong

«Le cœur me bat d’être là / dans le paradis des jours.»[1] En deux vers, le poète dévoile ce qu’il y a à savoir sur ces lieux énigmatiques où le ciel s’invite sur la terre. Oui, la porte de tels lieux s’ouvre bel et bien parfois devant nous, et en associant éden et rythme cardiaque, il nous souffle que le bonheur est affaire de vibration, mieux, de résonance: nous y goûtons quand je ne sais quoi vient à nous et nous emporte en élargissant et en élargissant encore l’espace devant nous.

Le théologien Yvan Mudry (Lausanne; journaliste et essayiste) est l’auteur de divers livres empreints de spiritualité. Ainsi de son dernier ouvrage, Le paradis des jours.

Église de St-Germain, Rugles (F), mars 2020. © Julian Kumar/GodongNotre monde est malade. Je ne fais pas seulement référence à la pandémie du coronavirus, mais à l’état de notre civilisation tel qu’il se révèle dans ce phénomène mondial. En termes bibliques: c’est un signe des temps. Quel genre de défi cette situation représente-t-elle pour le christianisme, pour l’Église, l’un des premiers «acteurs mondiaux», et pour la théologie?
L’an dernier, juste avant Pâques, la cathédrale Notre-Dame de Paris était en flammes. Cette année, pendant le Carême, il n’y a pas de services religieux dans des centaines de milliers d’églises sur plusieurs continents, ni dans les synagogues et les mosquées. En tant que prêtre et théologien, je réfléchis à ces églises vides ou fermées et j’y distingue un signe et un défi de Dieu. Le temps d'une réforme profonde, au-delà de la peur, n'est-il pas advenu?

lundi, 30 mars 2020 13:59

Le corona stimule les Eglises

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Vicariat de GenèveDepuis le 27 mars, une cloche spéciale de la cathédrale de Lausanne résonne à 22h sur un rythme inhabituel, celui de l’alerte, comme au Moyen-Age. Cette urgence planétaire, faire front au coronavirus, en particulier par le confinement, a pour conséquence une prolifique effervescence créatrice, et pas seulement dans le milieu des arts et de la culture. Les initiatives pour rester en contact, pour partager de bons tuyaux et informations (et non des fakes news!), et surtout pour soutenir physiquement ou psychologiquement ceux qui en ont besoin se multiplient. Même les Églises, qui jouissent d’une réputation d’immobilisme, pas toujours fondée d’ailleurs, s’y sont mises.

Les anges d’Othmar Schimtowitz, église Saint-Léopold, Vienne © Fred de Noyelle / GodongDieu aurait-il pu s’en douter? Lorsqu’il décida de bannir l’homme du jardin d’Éden, de l’éloigner de l’arbre de vie pour avoir mangé ses fruits de la connaissance du bien et du mal, il posta devant l’enceinte du paradis des chérubins armés de glaives flamboyants… Comment aurait-il pu se douter que ces flammes exerceraient sur Adam et ses descendants une fascination analogue à celle du savoir et de l’immortalité qui, de l’humble feu de camp des origines jusqu’au feu nucléaire, ne cesserait jamais?

Jacques Arnould, Paris, théologien et historien des sciences, est chargé des questions d’éthique au Centre national d’études spatiales, à Paris. Parmi ses nombreux livres, citons Oublier la Terre? La conquête spatiale 2.0. (Paris, Le Pommier, 2018) et son dernier ouvrage, Quand les hommes se prennent pour Dieu (2020).[1]

lundi, 09 mars 2020 11:27

De la terreur à la foi

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Réfléchissant à la peur, je me suis rappelé une expérience berlinoise au milieu des années 70. J’étais en Allemagne pour une formation spirituelle, celle que l’on fait chez les jésuites à la fin des études, après quelques années d’insertion professionnelle: il s’agit à la fois d’une sorte de bilan et d’une forme de renouvellement des racines spirituelles. Au loin brillaient les lumières du mur de Berlin, protégé par les féroces vopos

Jean-Blaise Fellay sj, Villars-sur-Glâne, historien, a été directeur spirituel des séminaires diocésains des évêchés de Lausanne, Genève et Fribourg et de Sion, professeur à l’Institut Philanthropos et rédacteur en chef de notre revue durant 14 ans. Il tient une chronique régulière sur jesuites.ch.

jeudi, 27 février 2020 10:32

Admirer, oui, idolâtrer, non

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Jean Vanier en 2012. Photo by Kotukaran, cropped by Gabriel Sozzi from file:Wilbur_Sargunaraj_meets_Jean_Vanier,_May_2012.jpg © CC BY-SA 3.0L'affaire de Jean Vanier est vécue avec douleur par les membres des communautés de l'Arche et par de nombreux catholiques. Elle pose des questions fondamentales en Église, dont celle-ci: comment garder son individualité, sa liberté, tout en s'inscrivant dans la tradition et en se permettant l'admiration? En faisant preuve de discernement pour ne pas tomber dans l'idolâtrie. En ne transformant pas en icônes les grands témoins de la chrétienté, dont les catholiques, si malmenés aujourd'hui tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'Église, ont tant besoin.

Par le passé, les familles paysannes suisses ont cultivé, sélectionné et échangé leurs propres semences, ce qui a donné naissance à une incroyable biodiversité. Le blé valaisan résistait à la sécheresse, le Ribelmaïs était cultivé dans la vallée du Rhin et supportait les basses températures, et la farine de maïs rouge tessinois était très appréciée pour la préparation de la polenta.

Pour faire un don: CCP 46-7694-0

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