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vendredi, 11 octobre 2019 09:48

L'Eglise doit rejoindre ceux qui n'ont pas d'ordinateur

693 01Je remercie choisir d’avoir conservé une édition papier. Car même si l’Église a le devoir de rejoindre les gens là où ils sont, sur le numérique donc, elle l'a aussi vis-à-vis des personnes qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas d’ordinateur, pas de smartphone ou qui sont incapables de s’adapter au rythme hallucinant de l’avancée numérique. Il peut aussi s’agir d’un problème financier. Ces gens font aussi partie de l’Église ou d’une société laïque perturbée par de profonds changements. J’ai déjà dû décommander un magazine très intéressant édité pour les personnes dures d’oreille (malentendantes, terme plus moderne). Il avait cessé de paraître sur papier, ce qui était trop fatigant pour moi. Comme Église, nous avons à nous occuper du royaume de Dieu et de sa justice, donc aussi des personnes moins équipées sur le plan technique.

Il est en outre dangereux pour la santé, pour les yeux et pour les contacts humains d’être en permanence devant des écrans, sans compter le gaspillage d’électricité qui nuit à l’environnement. Je travaille pour ma part sur papier la plupart du temps, mais sur papier FSC. Dans votre excellent numéro 693, deux choses m’ont frappée: l’empressement de l’Église à participer à la civilisation numérique pour répandre la Bonne Nouvelle (article de R.-Ferdinand Poswick) et l’envers du décor traduit dans la recension du livre C’est l’emploi qu’on assassine, de Jean-Marie Brandt et deux autres auteurs, commenté à la page 80.

J’ai commandé cet ouvrage car j’assiste dans mon entourage à la disparition constante de magasins provoquée par les achats en ligne. Le personnel féminin et masculin qui exécute ces commandes est, à ma connaissance, très mal payé et stressé. Les aides extra–hospitalières (Spitex) subissent des contraintes. Leur temps de présence auprès des malades, très limité, programmé sur tablette, les empêche d’établir un contact humain avec leurs clients. La grève d'un certain nombre de Spitex vaudoises l’a démontré récemment. Spitex Zurich a lancé un appel de dons auprès du public. But: arriver à financer les contacts humains pour les malades qui en ont le plus besoin.

Je suis moi-même victime de la numérisation: pannes fréquentes de téléphones numériques (les miens ou ceux de magasins où je m’approvisionne). Téléphones mobiles et smartphones d’un emploi toujours plus difficile. Mon âge et ma santé précaire m’ont empêchée de suivre jusqu’au bout un cours de smartphone donné par un senior pour des seniors. J’ai lu qu’en gare de Lausanne il n’existe plus de téléphone fixe. Les CFF partent de l’idée que tout le monde possède un smartphone, ce qui est faux. Les CFF se proposent de démonter les automates à billets et de supprimer le billet papier. Sans smartphone, tu meurs! Je n’ai mentionné que quelques inconvénients de la numérisation parmi ceux que bien d’autres personnes que moi constatent. Peu à peu on est mis au ban de la société qui, elle, dépense des sommes folles pour nous préserver de la cybercriminalité. Autant d’argent que les pauvres ou les délaissés n’auront pas. Et autant de temps que les gens munis d’ordinateurs n’auront plus pour leurs contacts sociaux, amicaux et familiaux, occupés qu’ils sont à se débattre avec de constantes mises à jour (updates) qui perturbent leur travail sur ordinateur ou téléphones mobile.

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Dernier de Hélène Ambord