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mercredi, 15 juin 2022 10:41

Femmes et politique en Suisse

FemmesPolitiqueSuisseSabine Kradolfer et Marta Roca i Escoda
Femmes et politique en Suisse
Luttes passées, défis actuels, 1971-2021

Neuchâtel, Alphil 2021, 208 p.

Commandité par la Conférence romande des Bureaux de l’égalité et rédigé par un collectif de neuf universitaires, spécialistes en «études genre», cet ouvrage -publié à l’occasion des 50 ans du droit de vote et d’éligibilité des femmes en Suisse- retrace les avancées féministes depuis l’après-guerre.

Il a fallu du temps pour que s’installe la reconnaissance des femmes en politique, mais aussi dans la société, le système étant fortement marqué par des valeurs patriarcales. Les années 1960 affichaient ainsi une séparation des rôles bien établie, représentée dans les manuels scolaires du temps : papa lit le journal, maman cuisine et coud. Le droit de vote et d’éligibilité des femmes, fruit d’une initiative qui aboutit avec près de 60 000 signatures, ne fut voté qu’en 1971 par les hommes (oui à 60,3 %). Et ce n’est qu’en 1988 que les femmes mariées ont eu le droit d’avoir leur propre compte bancaire, alors que les militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF) des années 1970 (et les pionnières du début du siècle) réclamaient déjà l’égalité économique et politique. Un débat agitait alors les milieux étudiants des deux sexes : la lutte des classes devait-elle primer sur celle des femmes militantes (parce que «bourgeoises»)?

L’engagement des premières femmes en politique, dès l'acquisition du droit d’éligibilité, fera avancer la cause des femmes, que les médias répercutent bon gré mal gré. Que de chemin parcouru lorsqu’on voit aujourd’hui dans les exécutifs la présence parfois majoritaire des femmes! Il leur en a fallu du courage, aux pionnières - certaines recevaient des lettres anonymes, des insultes, comme me le racontait dans une interview dans les années 1980 Yvette Jaggi, alors élue socialiste au Conseil national.

Vingt ans après, on était encore loin de l’égalité et une première grande grève eut lieu le 14 juin 1991. Rebelote en 2019: un chapitre de cet ouvrage est consacré à cette mobilisation du XXIe siècle, à laquelle participa plus d’un demi-million de femmes (et d’hommes), avec un Manifeste en dix-neuf points, dont le refus des inégalités persistantes sur les plans salarial et social, auquel se sont ajoutées de nouvelles revendications propres à l’époque, liées aux violences sexistes, à la « laculture du viol», aux droits des minorités LGBT, etc.

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