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lundi, 13 décembre 2021 16:11

Métamorphose de la grotte de Saint-Ignace

Mosaïque de Marko Rupnik sj et son équipe, au sanctuaire de la Grotte de Saint Ignace (Manrèse) © Centre Aletti / www.jesuits.global/ fr/La grotte de Saint-Ignace, à Manrèse en Catalogne, abrite dorénavant 550 mètres carrés de mosaïques! Cette structure gigantesque a été réalisée par l’artiste jésuite slovène Marko Ivan Rupnik et son équipe internationale d’artisans, en l’honneur des 500 ans de la conversion d’Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus. L’œuvre captive ceux qui la contemplent, par la force de son message, sa beauté et le processus de sa création.

Cet article a été publié sur www.jesuits.global, le site de la Curie générale des jésuites (Rome), sur la base d’informations fournies par les jésuites de Catalogne et José de Pablo sj (Manrèse (E), Centro internacional de espiritualidad ignaciana). Version revue ici par la rédaction.

L’équipe du Centre Aletti de Rome, dirigée par Marko Ivan Rupnik sj, a travaillé d’arrache-pied dans la grotte de Saint-Ignace pour installer sur les nefs latérales l’ensemble des mosaïques qu’elle a créées. Ces 550 mètres carrés de mosaïques, qui garnissent les huit salles, cherchent à montrer le sens du pèlerinage chrétien vécu à travers les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. C’est «un itinéraire de prière, a expliqué l’artiste jésuite, dans lequel on passe d’un catholicisme déclaré à une foi vécue». En 2015, le Père Rupnik s’est en effet vu offrir la possibilité de présenter dans le sanctuaire l’histoire du salut, à travers son art, la mosaïque, et à partir de son expérience des Exercices spirituels.

Une œuvre collective

Le Père Rupnik et son équipe sont arrivés à Manrèse en mars 2021. Ils y ont déballé plusieurs conteneurs de matériaux: du marbre provenant des cinq continents, des cristaux émaillés avec des pigments sélectionnés dans le monde entier, des pièces de céramique en or et en argent, etc. Plus primordial encore, vingt-deux artisans, de plus de dix nationalités différentes, ayant tous étudié les traditions chrétiennes d’Orient et d’Occident au Centre Aletti avec le jésuite slovène, se sont rendus sur place. Ils ont travaillé nuit et jour, pendant deux semaines, pour parachever les mosaïques.

Le sanctuaire de la grotte de Saint-Ignace a été rouvert au public en avril 2021. La mosaïque a ensuite été bénie par le Père Arturo Sosa sj, Supérieur général de la Compagnie de Jésus, le 31 juillet, jour de la saint Ignace. Une célébration qui a été intensément vécue à Manrèse, puisqu’elle coïncidait avec le 500e anniversaire de l’arrivée d’Ignace de Loyola dans cette ville.

Ces artisans, qui maîtrisent différentes disciplines artistiques, les icô­nes anciennes, les mosaïques classiques, la Bible, l’histoire, ont aussi fait de leur travail un temps de prière. C’est de l’expérience de la foi qu’ils ont tiré l’énergie nécessaire pour transmettre l’histoire sacrée via cette œuvre d’art, à contempler aujourd’hui à Manrèse.

Vingt-cinq scènes de la vie avec Dieu y sont représentées. Dans les mosaïques, la lumière semble provenir directement des pierres. Et la matière fragmentée s’unifie lors­qu’elle s’approche de l’humain et lorsque l’humain s’approche du divin. Un soin particulier a ainsi été apporté aux visages et aux mains des nonante-trois personnages habitant à présent les nefs du sanctuaire.

Un code de couleurs accompagne également l’ensemble de l’œuvre: l’or, le rouge et le blanc évoquent par exemple la présence de Dieu, tandis que le gris et le noir représentent l’absence de bien, de lumière et l’éloignement de Dieu.

Un espace de rencontre

Lorsque nous avons demandé à Marko Ivan Rupnik quel titre on pouvait donner à cette œuvre d’art, il a répondu: Un espace de rencon­tre. Car la mosaïque est un art extraordinaire, a-t-il expliqué, qui implique une expérience communautaire, «une expérience de l’Église, en tant que communion de personnes, qui exprime ce que nous sommes». L’artiste a aussi souligné que cette technique permet d’établir un dialogue avec la pierre. «La première leçon de la taille de la pierre est de la travailler avec amour, avec tendresse. 

Pouvoir réaliser cette œuvre collective à l’endroit même où saint Ignace de Loyola a commencé à écrire son recueil d’Exercices spirituels a été, pour ce mosaïste jésuite, un cadeau reçu avec une immense gratitude: «C’est là comme l’aboutissement de ce que j’ai pensé et étudié toute ma vie. 


Le chemin de joie de Genève

Le Centre Aletti de Rome a été fondé en 1993 par Jean Paul II dans le but de favoriser et valoriser la rencontre entre chercheurs et artistes chrétiens d’Europe occidentale et orientale. Le jésuite Marko Ivan Rupnik, mosaïste slovène réputé, y dirige un atelier d’art religieux qui a réalisé des œuvres dans toute l’Europe, au Moyen-Orient et dans les Amériques. Parmi ses mosaïques les plus connues, figurent celles de la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican, de la façade de la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, à Lourdes, et bientôt, gageons-le, du sanctuaire de la grotte de Saint-Ignace, à Manrèse.

Mais pour les Genevois, les œuvres maîtresses du Père Rupnik sj et de son équipe resteront très certainement les treize mosaïques qui jalonnent depuis avril 2019 le Chemin de joie imaginé par l’Église catholique-romaine de Genève. La réalisation de plusieurs parties des mosaïques du Chemin de joie a été confiée à l’atelier d’Encañada, au Pérou, sous la houlette de Matilde Randi, une artiste italienne formée au Centre Aletti.

Marko Rupnik: "Resurrection", mosaïque de la Prison de Champ-Dollon, GenèveUn itinéraire spirituel

Abritées à l’extérieure de plusieurs églises et chapelles du canton, ces œuvres peuvent être admirées individuellement ou lors d’un petit pèlerinage à pied personnel. Cet itinéraire spirituel a été conçu pour accompagner le temps pascal au rythme des apparitions du Ressuscité. «On y a retrouvé des interprétations typiquement orientales», peut-on lire sur le site qui retrace la genèse et la réalisation de ce chemin. «Ainsi la Résurrection du Christ y est représentée, non pas comme une montée du Christ vers les cieux, comme dans la tradition occidentale, mais par une descente aux enfers. Par ailleurs, une place importante est accordée à l’image de la Dormition de la Vierge, fête capitale pour les orthodoxes rappelant la montée au ciel de Marie.»

La mosaïque de la Résurrection, dernière étape de ce chemin, se trouve «enfermée» aux côtés des prisonniers du canton, loin des regards publics. Elle a en effet trouvé demeure en la salle des célébrations de la prison de Champ-Dollon. Elle avait été accueillie provisoirement par l’église de l’Épiphanie au Lignon, avant de faire étape à Palexpo pour être bénie le 21 juin 2018 par le pape François, lors de son passage à Genève.

Lucienne Bittar

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