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vendredi, 18 août 2017 12:22

Précarité et nihilisme

choisir 684Dans son article De Malraux à Houellebecq (choisir n°684), M. Jean-Louis Loubet de Bayle nous présente une excellente synthèse de différents courants de pensée par rapport à André Malraux et son analyse de la civilisation moderne. J’aimerais juste exprimer un désaccord partiel concernant les deux points suivants: la précarité et le nihilisme.

L’idée selon laquelle, dans les sociétés traditionnelles, la vie des hommes et des sociétés était dominée par la précarité, qui absorbait une grande partie de leur énergie et de leur faculté de réflexion, me semble fausse. C’est l’inverse qui est vrai. Vivre dans la précarité et l’insécurité, vivre constamment à proximité de la mort, faisait que l’homme restait en alerte. Les inquiétudes de son existence l’approchaient de Dieu dont qu’il restait proche. C’est dans les moments de crise, de guerre et de détresse que les églises se remplissent. Il n’y a rien de pire pour la réflexion que l’absence d’inquiétude propre à l’opulence consumériste. Comme la foi, la réflexion se nourrit de l’inquiétude.

Du reste, je tiens pour illusoire l’idée que l’homme puisse s’affranchir des contraintes biologiques, sociales et économiques et vivre en paix éternellement. Même si aujourd’hui les apparences ne portent peut-être pas à le croire, une crise économique peut survenir demain, ou une catastrophe naturelle, des guerres, des maladies, la faim. Tout cela n’a pas disparu de l’humanité. L’histoire de l’homme est cyclique. Tout revient. L’existence est fragile et elle le restera. Les Anciens le savait. Face à la mort, ils étaient sereins. Ils savaient que la vie ici-bas n’est qu’un passage et qu’après la mort, leurs âmes montaient au ciel. Ils n’avaient pas peur de mourir parce qu’ils n’avaient pas peur de vivre.

Un phénomène occidental
Le nihilisme est un phénomène occidental. Il est la négation de l’histoire, du sacré, de Dieu et de l’homme lui-même. Il est le principe d’une société matérielle, c’est-à-dire totalement dépourvue de toute forme de transcendance. Les soldats du Coran combattent au nom de leur dieu. Ce sont des croyants, donc le contraire du nihiliste. Leur guerre est une guerre de conquête de territoire. Elle est menée par trois piliers: l’immigration, le terrorisme et l’achat des entreprises occidentales par les scheiks. Ceux qui croient que les terroristes islamiques ne commettent des massacres, tuent des innocents et sacrifient leur vie que parce qu’on les a instrumentalisés sont soit des idiots soit des gens dangereux. L’instrumentalisation des musulmans ne suffit pas pour expliquer leur fanatisme. On ne sacrifie pas sa propre vie à une cause si on ne fait pas entièrement corps avec elle. Le sacrifice de sa vie nécessite une détermination sans faille qui nécessite à son tour une foi inébranlable. Ils combattent parce qu’ils ont la foi. Ils croient en leur dieu.
Je pense que le vide de la société individualiste et matérialiste, «devenue incapable de répondre aux questions que l’homme se pose sur sa condition et sa destinée», n’explique qu’en partie le phénomène des convertis au djihadisme. Si M. Hadjaj, cité par M. Loubet del Bayle, dit que l’islamisme n’est pas seulement en réaction à ce vide mais aussi en continuité avec ce vide, il semble oublier que la majorité des djihadistes proviennent des pays orientaux. Par conséquent, ceux-là ne sont guère affectés par le nihilisme occidental. Non, le terrorisme islamique ne se forme pas sur le nihilisme occidental. Il puise sa force de frappe dans les racines même de l’islam. Pour ce qui est des djihadistes recrutés dans les mosquées et les banlieues de Paris, Londres, Milan et Malmö, c’est-à-dire sur les terres même du christianisme, ils grandissent dans un climat anticapitaliste et anti-occidental. Leur haine du monde capitaliste, soutenue et favorisée par les milieux de gauche, les fait se poser en victimes du système, le même système qui les soutient et les nourrit depuis cinquante ans et l’avènement du communautarisme par le mouvement de Mai 68. Ils suivent des programmes d’intégration et d’insertion au monde du travail financés par l’État, et donc par les contribuables, pour vivre du chômage et de l’aide sociale et ils trouvent toujours de nouveaux prétextes pour ne pas devoir travailler.
Il ne faut pourtant pas oublier que des musulmans parfaitement assimilés, cela existe aussi. Certains parmi eux se sont même convertis au christianisme. On n’en parle jamais. Mais peut-on parler d’une assimilation réussie pour les personnes qui refusent d’adhérer au christianisme? Voilà une question que l’on n’ose plus poser, parce que la poser, en plus en employant le mot «assimilé», c’est se faire diaboliser par l’armada des gauchistes xénophiles et cathophobes.

À quoi bon sans la foi
Je pense que la foi aide plus à l’action que la réflexion. L’Europe est aujourd’hui exposée à une menace très réelle, celle du terrorisme musulman qui frappe maintenant presque chaque semaine. Dans l’Ecclésiaste, il est écrit qu’il y a «un temps pour la guerre et un temps pour la paix» (III, 8). Mais comment combattre un ennemi si vous n’avez plus que le vide à la place de la foi? Nous avons l’argent, les techniques, les intelligences, mais à quoi cela peut-il bien nous servir si nous n’avons plus la foi?

 

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