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D r o g u e s : s o r t i r d u m o d è l e r é p r e s s i f
consommateurs qui sont des "gens
bien", qui ont un statut social, une
famille. Leur addiction date parfois de
l'adolescence, mais ils sont toujours
obligés d'acheter leurs grammes dans
la clandestinité, en risquant de se faire
contrôler, dénoncer, de perdre leur
emploi... Idem avec la cocaïne et l'hé-
roïne d'ailleurs. »
Vous n'êtes pourtant pas pour la dépé-
nalisation. Les nouvelles actions que
vous proposez devraient permettre
principalement de rendre l'espace pu -
blic aux bons concitoyens. Ne faudrait-
il pas davantage viser à prévenir l'addic-
tion des jeunes et aider les toxi comanes
à s'en sortir ? Autrement dit, centrer
l'ac tion sur la personne et non sur le
nettoyage du domaine pu blic ?
« Il faut pacifier l'espace public pour
redonner du poids à la notion de trans-
gression et prévenir les addictions. Il
est insupportable pour les habitants
d'un quartier d'avoir perpétuellement
sous les yeux un trafic qui les angoisse.
Sans oublier que la consommation gé -
nère des vols. Cette délinquance qui
cohabite avec la scène de la drogue
diminuerait si le mar ché disparaissait
des rues ou s'il s'organisait différem-
ment. Il faudrait le rendre en quelque
sorte autonome et non dépendant des
dealers.
» L'idée est de dire aux consomma-
teurs de cannabis : vous ne pouvez
plus vous balader et conquérir l'espace
public avec votre toxicomanie, vous
devez la réserver à votre espace privé.
Toute prise sur le fait sera durement
réprimée.
» Si je suis arrivé à ce raisonnement,
c'est parce que la répression a diminué
au fil du temps : le fameux quatrième
pilier s'est retrouvé sans outils. La
sévérité par rapport à l'interdit pénal
s'est étiolée. Quand j'avais 15 ans,
pour une même quantité de drogue,
c'était la détention préventive, une
enquête des stups, une perquisition...
Le statut de trafiquant était appliqué.
Aujourd'hui, dans certains cantons,
cela ne fait même plus l'objet d'une
dénonciation. L'interdit social par rap-
port au cannabis a fortement diminué
et l'interdit pénal s'est amenuisé. A se
demander à quoi on joue ! Le policier
se retrouve sans le bras de levier de la
sévérité pour faire régner la loi. Sans
épée de Damoclès, comment voulez-
vous que les promesses soient suivies
d'actes ? Il faut pouvoir brandir le spec-
tre de l'amende salée : 1500 francs à
2000 francs avec sursis lors de la pre-
mière prise sur le fait, et paiement effec-
tif de l'amende lors de la deu xième
interpellation dans l'espace public. Par
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juin 2013