e t r e tation majeure des intellectuels français de l'entre-deux-guerres, mais l'action. L'action a quelque chose de roman- tique que la politique, qui gouverne et administre, n'a pas : l'action révolution- naire ou contre-révolutionnaire (selon le sens que l'on prête à ces mots qui ont parfois tendance à changer brusque- ment de camp). Quoiqu'il en soit, pour un intellectuel, l'homme d'action qui se bat aux côtés de ses frères de lutte pour une même cause rêvée ou réelle - libération ou restauration souhaitée - s'oppose à l'homme de cabinet. Ecrire peut-être, mais après le combat et pour raconter son combat. Que raconter avant de s'être battu ? Comment pein- dre la vie avant de l'avoir vécue ? Drieu était fils de la guerre, comme Bernanos et Montherlant. La paix a tué ces hommes que la guerre avait faits. Il leur manquera toujours cet alcool. Que faire en temps de paix ? Qu'est-ce qu'un bonheur sans grandeur ? Le métier d'écrivain a toujours quelque peu dé goû té un homme comme Drieu. L'hom me est fait pour une aventure plus haute, plus grande. Il est fait pour le sacrifice. Or quel plus grand sacri- fice que la guerre ? Le bonheur étincelant de Stendhal comme le malheur viril et luciférien de Baudelaire, les hommes de la généra- tion de Drieu ne pouvaient plus les goû- ter. Ils arrivaient trop tard. Aragon devint monarchiste le demeura et combattit longtemps la République aux côtés de Maurras. Montherlant resta apolitique, tout en exaltant la grandeur partout où il la voyait, notamment chez le prêtre et le soldat, ces êtres séparés et dont la vocation est le sacrifice. Drieu alla dans toutes les directions, voulant embras- ser tous les contraires. A vingt ans, il se mit sur la même ligne de départ que Montherlant, Bernanos, Aragon ou Malraux, ses frères en litté- rature, tous plus ou moins fils de Barrès. C'est pour être lu par eux avant tout qu'il écrivit, et c'est eux qu'il lut en priorité. parle pas du dieu des philosophes. Celui-là n'a aucune existence et aucun intérêt. Je parle du vrai Dieu, celui d'Abra ham, d'Isaac, de Jacob et de Pascal. C'est celui-là et celui-là seul qui intéressait Nietzsche. Drieu, lui, voit dis - paraître l'homme ancien que Bau delaire définissait comme prêtre, guerrier et poète. L'avènement de l'homme nouveau, his- trion et consommateur, l'épou vante et le dégoûte. Il refuse de s'éterniser dans |