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Restos du Coeur
de Sion
Comment en est-on arrivé là ? L'as -
sociation des Restos du Coeur de Sion
n'est plus la bienvenue dans les locaux
de la paroisse de la Cathédrale. Ani -
mateur-créateur des Restos du Coeur de
Sion il y a 20 ans, démissionnaire en
avril 2013, il m'est certes difficile d'être
impartial, mais je vais toutefois essayer
de relever, à partir de cette expérience,
certains dysfonctionnements structu-
rels actuels du diocèse de Sion.
Quand en 2006 notre ancien curé a
annoncé à l'équipe pastorale qu'il nous
quittait pour se mettre à disposition
d'une dernière paroisse avant sa re -
traite, nous étions contents pour lui,
mais un peu triste pour notre aventure
commune. En effet, il avait accepté d'être
au service de la paroisse de la Cathé -
drale parce qu'il y avait là une équipe
de travail et une famille sacerdotale qui
pouvait lui offrir une « vie de famille »
et de prière commune. Avant de tra-
vailler avec lui, nous avions pu le ren-
contrer et lui présenter les souhaits de
chacun. Avec lui, l'association des
Restos du Coeur avait pu grandir et les
pauvres et les étrangers être accueillis.
2003 : nouveau curé. Il nous a été impo -
sé (et inversement, une équipe parois-
siale et un terrain pastoral « vivant »
lui a été imposé), sans rencontre pré a -
lable. Ce prêtre, qui avait quitté sa com-
munauté, puis une paroisse très
vivante (trop ?), se retrouve ainsi avec
une famille sacerdotale (notre petite
communauté) et les Restos du Coeur.
Les tensions sont vite arrivées. Une
médiation neutre a été souhaitée par
l'équipe, mais refusée par le curé : seul
le vicaire général devait, selon lui,
régler ce conflit. Ce qui a abouti au ren-
voi de la cure de deux familles, et au
mien comme animateur pastoral. A suivi
un inexorable mouvement vers l'expul-
sion totale des Restos du Coeur des lo -
caux de la Cathédrale.
Ce cas illustre des dysfonctionnements
du diocèse : les gestion, nomination et
engagement du personnel repose sur
une seule personne, le vicaire général ;
même la médiation possible passe par
lui ; le vicaire général veut s'appuyer
sur des curés leaders incontestables et
incontestés, doyens et modérateurs
d'un secteur ; une rencontre avec le
vicai re général et l'évêque nous a appris
que les familles sacerdotales autour
d'un prêtre étaient perçues comme un
obstacle pour les nominations.
Notre diocèse est en mal de communi-
cation et de dialogue. Lors de sa pre-
mière session pastorale avec les agents
pastoraux du diocèse francophone,
notre nouvel évêque a pris le micro
pour annoncer que dorénavant ces ses-
sions ne seraient plus « pastorales »
mais « de formation ». Or certains prê -
tres ou laïcs profitaient de ces rencon -
tres pour poser des questions pertinen-
tes sur notre fonctionnement et notre
pastorale. Avec cette décision, le dialo-
gue a été coupé. L'ensemble du diocèse
fonctionne dorénavant sur ce mode : il
communique mais ne dialogue plus (le
bureau et le conseil pastoral diocésain,
par exemple, sont actuellement suppri-
més). Mais ce n'est pas tout. La pauvreté
et la justice sont aussi mis en marge :
Justice et Paix, supprimé ; la diaconie,
en stand by ; l'argent et les forces pasto-
rales enga gées à la rencontre de l'étran-
ger ou des pauvres, proches de zéro.
La majeure partie des agents pastoraux
sont conscients de ces difficultés. Un
appel constructif au dialogue et au
renouveau dans la collaboration a été
lancé lors de la session de formation en
2012 par une vingtaine de prêtres et
laïcs. Il n'a pas été entendu. Si mon arti-
cle porte la même espérance, il s'ouvre
sur une autre inquiétude : aurons-nous
un nouvel évêque (au plus tard en
2017) ouvert à ce dialogue et proche
des pauvres et des étrangers ?
Emmanuel Theler
, Sion
animateur pastoral HLM (Hors Les
Murs) autoproclamé
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juin 2013