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I
Info
La Genève escamotée
Réfléchir aux situations créatrices de
pauvreté et de précarité de manière
plus large, et surtout agir ! C'est ce que
demande La Genève escamotée.
Ce collectif composé de travailleurs so -
ciaux et de membres d'associations de
solidarité souhaite l'organisation d'états
généraux de lutte contre la précarité et la
pauvreté, réunissant les acteurs publics,
cantonaux comme municipaux, les as -
sociations représentatives et toutes les
personnes directement concernées par
la précarité. « Il est urgent que l'on ar -
rête de se "renvoyer" le pauvre ou de le
cacher honteusement, et qu'on le
pren ne pleinement en compte. La pré-
carisation des politiques pu bliques ne
doit pas devenir la norme de notre so -
ciété, et ainsi plonger dans la précarité
une majorité de la population. Il y va de
l'essence même de notre démocratie. »
Les personnes qui se retrouvent à la
rue à Genève sont de plus en plus
nom breuses. Leur parcours diffère,
mais elles ont en commun de faire les
frais d'une précarisation grandissante
du monde du travail
(voir l'article de
Tuana Gökçim Toksöz, aux pp. 24-27 de ce
numéro)
, ainsi que de la conservation
des droits au logement et aux services
sociaux.
Plus de 400 personnes, selon les esti-
mations des associations, cherchent
quotidiennement un lieu chaud pour
passer la nuit, pour 38 places d'héber-
gement d'urgence payantes (à l'Armée
du Salut, par exemple). Les moins
chanceux se débrouillent dans les ca -
ges d'escaliers et les caves, ou dans
des abris de fortune sous les ponts ou
dans les parcs.
Ces stratégies de survie provoquent,
outre une humiliation pour ceux qui les
vivent, un sentiment d'insécurité chez
les habitants des quartiers confrontés à
cette grande précarité.
Certes, le Service social de la Ville de
Genève ouvre, de mi-novembre à fin
mars, deux abris de la Protection civile,
d'environ 200 places au total, à toute
personne dormant dehors. Mais un
nombre prédéfini de jours est accordé
à chaque « bénéficiaire », sauf en cas
de « grand froid » (-10° la nuit et -0° la
journée, sur une période de plus de 48
heures). Durant le reste de l'année, au -
cune structure municipale ou cantonale
gratuite n'est ouverte pour ac cueillir les
personnes sans domicile. Pourtant les
sans-abri sont tout autant en danger en
été qu'en hiver. Durant la période esti-
vale, les risques de déshydratation,
associés à d'autres facteurs (alcool,
chaleur, vêtements inadaptés pour la
saison, etc.), sont importants et les
décès sont même plus fréquents. Le
collectif dénonce « cette politique du
thermomètre » et demande l'ouverture
de lieux d'hébergement d'urgence à
l'année.
Pour La Genève escamotée, la pau -
vreté ne devrait plus être considérée
comme une fatalité : « Les lacunes des
politiques publiques actuelles sont
criantes. La mise en place d'un plan
d'action sociale digne de ce nom et
dans une optique de recréation du tissu
social et démocratique à long terme
devient urgente. »
(com./réd.)
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juin 2013
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