Etty Hillesum Le cœur pensant ••• Beat Altenbach sj, Villars-sur-Glâne Directeur de Notre-Dame de la Route La situation de départ d’Etty - qui naît à la vraie vie le 3 février 1941, à l’âge de 27 ans, en franchissant la porte du psycho-chirologue3 Julius Spier - est similaire à celle de nombreux jeunes d’aujourd’hui. Etudiante en droit et en langue russe, Etty était une femme sécularisée, marquée par les philosophies de son temps. Très intelligente, mais affectivement déstabilisée, elle était hédoniste et possessive, et avait une vie sexuelle libertaire. Hantée par des dépressions fortes et des problèmes psychosomatiques, elle avait du mal à s’accepter, tout en étant animée par une quête profonde de sens et un désir intense de vie. Issue d’une famille juive libérale, Etty n’était pas socialisée religieusement. 1 • Edité par J. G. Gaarlandt sous le titre Het verstoorde leven, et paru en 1985 dans sa version française : Une vie bouleversée, Paris, Seuil, 248 p. (n.d.l.r.) 2 • Cf. Paul Lebeau, Etty Hillesum. Un itinéraire spirituel, Amsterdam 1941 - Auschwitz 1943, Namur, Fidélité, 212 p. En Suisse romande, Beat Altenbach sj et Luc Ruedin 1 • Environ 5 millionssessions de répartis sur sj donnent 2 des d’habitants, formations 623000 kmdu dans 16 préfectures d’Etty inspirées , chemin spirituel et 71 sous-préfectures.Centre spirituel et de forHillesum, dans le 2 • Le 4 décembre 1976, le présidentVillarsmation Notre-Dame de la Route, à JeanBédel Bokassa, ancien militaire(n.d.l.r.) de sur-Glâne (www.ndroute.ch). au service 3 • la France, s’autoproclame empereur, pourPseudo-science, la chirologie étudie les suivant son entre la Napoléon. la main ou corrélations modèle forme de Il est renversé par les services spéciaux français en les plis de sa peau et certaines tendances septembre 1979 à la suite de l’opération psychiques et mentales. Selon ses adepBarracuda. pourrait ainsi renseigner sur la tes, la main 3 • structurepar la mentalité et résistance du Traduit de « Armée de du caractère, Seigneurpermettrait d’établir le portrait ce qui ». psychologique d'une personne. (n.d.l.r.) Comme pour beaucoup d’entre nous, la quête d’Etty Hillesum a donc débuté en dehors d’une religiosité classique et instituée. C’est lors de son travail intensif sur elle-même, animé et accompagné par son thérapeute Julius Spier, qu’elle a commencé à repérer la présence d’une autre réalité, un vis-à-vis qu’elle appellera, avec toujours plus de confiance, « Dieu ». Ce Dieu, avec lequel Etty développera progressivement un échange vivant et intime, semble bien loin du Dieu de la Loi juive ou du Catéchisme chrétien. Dans la préface de la première édition d’Une vie bouleversée,1 J. G. Gaarlandt écrit : « Sous la plume d’Etty, le nom de Dieu semble dépouillé de toute tradition ; des siècles de judaïsme et de christianisme semblent n’avoir laissé aucune trace. » Ce constat n’est vrai que si on com prend « toute tradition » dans un sens dogmatique. Vue de plus près, l’expérience de Dieu d’Etty n’est pas du tout « dépouillée de toute tradition ». Au contraire ! Etty était passionnée par la lecture de Rilke, particulièrement des œuvres de la première période, ainsi que par Dostoïevski. Elle découvre par Spier Les Confessions de saint Augustin, premier grand témoignage d’un itinéraire spirituel dans la tradition chrétienne. L’invitation de ces auteurs à se tourner vers soi-même (sich versen- spiritualité Il y a 100 ans, le 15 janvier 1914, naissait Esther Hillesum (dite Etty) à Hilversum, aux Pays-Bas. Dès la première publication de son journal (19411943), en 1981,1 Etty est devenue une source d’inspiration pour nos contemporains. Pour quelles raisons le journal intime de cette jeune femme juive, exterminée par les nazis à Auschwitz en 1943, touche-t-il tant les cœurs ? Et pourquoi attire-t-il l’attention de certains jésuites ? 2 9 avril 2014 choisir