E t t y H i l l e s u m sées et ses émotions, et de progressivement « trouver une forme à ce qui est encore chaotique en [elle] » (4 août 1941). A la fin de sa première année de cheminement avec Spier, Etty formule ainsi le fruit principal de sa démarche : « Une grande prise de conscience. Prise de conscience, et par là libération, des forces profondes qui étaient en moi » (31 décembre 1941). L’interaction systématique entre expérience et relecture, affectivité et intelligence, cœur et tête, est l’élément principal de la pédagogie ignatienne. C’est par la relecture et la formulation des différents mouvements intérieurs que la prise de conscience crée cet espace de liberté qui permet un vrai discernement, et finalement des décisions réfléchies. Etty en arrive à des distinctions dignes d’une disciple de saint Ignace : « Je connais deux espèces de solitude. L’une me rend triste à en mourir, et me donne le sentiment d’être perdue, sans direction. L’autre, au contraire, me rend forte et heureuse… » (9 août 1941). Bel exemple de l’expérience ignatienne de désolation et de consolation ! Etty est bien consciente de la réalité variable de ces états d’âme. Elle écrit : « Je n’irai pas croire, dans mon innocence, que la paix qui descendra sur moi est éternelle. J’accepterai l’inquiétude et le combat qui suivront » (25 novembre 1941). Et dans ces moments de désolation, elle ne changera rien à ses résolutions prises dans la consolation : « Rester fidèle à tout ce que l’on a entrepris dans un moment d’enthousiasme spontané, trop spontané, peutêtre. Rester fidèle à toute pensée, à tout sentiment qui a commencé à germer… fidèle à ce que l’on considère comme ses meilleurs moments » (20 septembre 1942). L’accompagnement En invitant Etty à faire ce travail de prise de conscience, Spier arrive à réconcilier en elle deux qualités extraordinaires : son intelligence brillante et son affectivité riche et souvent débordante. L’expérience de ne pas devoir sacrifier l’une aux dépens de l’autre est devenue pour Etty la clef de son développement personnel et spirituel : « Tu ne dois pas vivre de façon cérébrale, mais puiser à des sources plus profondes, plus éternelles. Cela ne doit pas t’empêcher d’être reconnaissante pour ton intelligence, qui est un instrument précieux pour examiner et approfondir les questions qui surgissent de ton âme » (7 octobre 1941). L’accompagnement par Julius Spier est un élément essentiel dans l’expérience d’Etty. Consulté d’abord en vue d’une aide psychologique, Spier a guidé Etty non seulement vers une gué rison psychique, mais vers la découverte de Dieu. Certes, la relation entre Spier et Etty était très particulière et ne correspond pas aux règles d’un accompagnement thérapeutique classique. Mais les fruits priment sur les moyens utilisés. Spier a aidé Etty à aller vers elle-même, à « trouver sa forme », à libérer ses « forces profondes » et à découvrir l’amour universel. Il a été « l’initiateur », « le grand ami, l’accoucheur de [son] âme », qui « guérit les gens en leur apprenant à accepter leur souffrance » (14 décembre 1941). Julius Spier a introduit la dimension triangulaire dans l’accompagnement en ouvrant leur relation à un tiers, Dieu comme source d’amour et de vie. Malgré la proximité intime entre lui et Etty, il garda toujours une certaine distance, qui obligeât Etty à ne pas se perdre dans des rêves. Au moment de la mort de Spier (comparable à ce spiritualité 11 avril 2014 choisir