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éditorial
choisir avril 2014 2
La leçon pascale du bitcoin
Baignée par le soleil d’un printemps précoce qui faisait penser à un jour de Pâque anticipé, une information discrète parut dans les médias people au début du Carême : l’informaticien japonais, en qui des fins limiers avaient cru découvrir l’inventeur du bitcoin,1 s’est récusé. « Non, prétendait-il, je ne suis pas l’inventeur du bitcoin ! » Le bitcoin reste à ce jour sans paternité, ce qui convient tout-à-fait pour une monnaie virtuelle qui circule sur Internet, entre initiés, depuis bientôt quatre ans. Elle est dite virtuelle car elle n’est gérée par aucune autorité publique. Sa seule limite est la quantité disponible, qui augmente à un rythme connu à l’avance : quelque 12 millions de bitcoins sont actuellement en circulation, l’objectif annoncé étant de 21 millions à l’horizon 2040. Certains Etats, comme l’Allemagne, ont reconnu le bitcoin comme une « monnaie privée », ce qui permet de taxer les plus-values obtenues par la spéculation sur les variations de sa valeur. Le bitcoin, en effet, a un prix qui varie beaucoup : au printemps dernier, il est passé de 20 à 220 dollars en trois mois, pour chuter brutalement à 60 dollars, avant d’osciller aux grés des humeurs du marché. Cette histoire de bitcoin révèle quelque chose non seulement de notre société, mais également de la résurrection. De notre société d’abord, où chacun s’occupe de ses affaires en se mettant à la plus grande distance possible des autorités publiques. Le bitcoin montre que tout symbole monétaire dépend autant de ceux qui l’utilisent que des autorités publiques : je n’accepte un billet de cent francs que si je crois qu’il sera accepté lorsque je voudrai payer mon beefsteak. Le bitcoin souligne en outre, mieux que les monnaies officielles, que toute institution humaine (langage, famille, droit, école, Eglise) repose sur la volonté de tous, et pas simplement sur celle de l’Etat. Son corollaire négatif a été bien épinglé par Yvan Mudry dans la précédente livraison de choisir2 : l’argent « voile » les visages, qui disparaissent dans l’anonymat ; qu’importe qui je suis, pourvu que je puisse payer. A quoi j’ajouterai que l’argent « voile » les rapports humains
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