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E t t y
H i l l e s u m
spiritualité
ken, Hineinhorchen) permet à Etty de chercher et de trouver Dieu au plus profond d’elle-même, et de constater : « Il y a en moi un puits très profond. Et dans ce puits, il y a Dieu » (26 août 1941). Par la suite, Etty découvre aussi Maître Eckhart, Thomas a Kempis (L’imitation de Jésus-Christ) et la Bible, notamment l’évangile de Matthieu et les lettres de saint Paul. Ses clés d’interprétation viennent donc de la tradition chrétienne, et l’homme le plus important pour Etty, le juif Julius Spier, était lui-même profondément marqué par le Christ. Quelques heures avant sa mort, Spier lui avait confié : « Je fais des rêves si étranges : j’ai rêvé que le Christ m’avait baptisé » (15 septembre 1942).
Une démarche « ignatienne »
Sans vouloir faire d’Etty une chrétienne, on peut dire que son expérience spirituelle avec cette altérité radicale qu’elle appelle Dieu a été rendue possible par des outils venant de la tradition chrétienne. Elle a trouvé et reconnu Dieu non pas comme un savoir abstrait, mais comme une présence concrète au cœur de sa propre réalité intérieure et extérieure. Et c’est ce témoignage poignant de la rencontre d’une personne avec Dieu qui rapproche l’expérience d’Etty de la spiritualité ignatienne : chercher et trouver Dieu en toute chose, en reconnaissant et en discernant sa présence dans les mouvements intérieurs de l’âme. Etty n’a sans doute jamais entendu parler des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, pourtant certains éléments de sa démarche sont typiques de la pédagogie ignatienne.
Au départ, Etty est invitée à se soumettre à une certaine discipline. « La pauvre godiche peureuse », souvent prise par des moments d’angoisse, de dépression et de manque de confiance en soi, prend conscience que « lors de ses rares visites, la grâce doit trouver une bonne technique, patiemment acquise et toute prête ». Se donner un moment par jour pour exercer le corps et l’âme devient une nécessité pour elle : « Tous les matins, avant de me mettre au travail, consacrer une demi-heure à me “tourner vers l’intérieur”, à écouter ce qui se passe en moi. Sich versenken. Je pourrais dire aussi : méditer (…) une demi-heure de paix en soi-même » (8 juin 1941). Elle commence même à lire quotidiennement l’évangile de Matthieu, un moment après le petit-déjeuner. Et, selon l’instruction de Spier, prend « à la fin de chaque jour, dix minutes pour faire avec concentration le bilan de la journée, examiner ce qu’elle a apporté de bon et de mauvais, de dépenses d’énergies superflues, etc. » (17 mars 1941). En même temps, Etty se rend bien compte que l’essentiel ne passe pas par ses propres forces, qu’il lui faut trouver un équilibre entre activité et passivité : « … je dois avoir la patience de laisser croître en moi ce que j’aurais à dire. Mais je dois contribuer à cette croissance, aller au-devant d’elle, et non l’attendre passivement » (30 septembre 1942). L’expérimentation de ces moments d’introspection et de méditation, ainsi que les autres expériences de son quotidien, sont soigneusement relues et nommées dans son journal commencé le 9 mars 1941. Ce travail d’écriture, que Spier lui avait proposé comme exercice, la force et en même temps lui permet de clarifier ses pen-
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