E t t y H i l l e s u m spiritualité moment indispensable à tout accompagnement spirituel sain où l’accompagnateur s’efface), Etty était prête à affronter seule la vie : « J’avais encore mille choses à te demander et à apprendre de ta bouche. Désormais, je devrai m’en tirer toute seule. Je me sens très forte, tu sais, je suis persuadée de réussir ma vie… Tu as servi de médiateur entre Dieu et moi, mais maintenant, toi, le médiateur, tu t’es retiré, et mon chemin mène désormais directement à Dieu… Et je servirai moi-même de médiatrice pour tous ceux que je pourrai atteindre » (15 septembre 1942). De soi au monde L’exemple d’Etty Hillesum témoigne de la possibilité d’un chemin de croissance spirituelle et d’une expérience mystique de la présence de Dieu hors d’une religiosité classique. Dans notre monde de plus en plus sécularisé et marqué par l’individualisme et le consumérisme hédoniste, Etty propose une perspective aux chercheurs de Un spectacle à découvrir à Fribourg, le 15 novembre, à la salle paroissiale de la paroisse St-Pierre : organisation NotreDame de la Route. sens qui ne se retrouvent plus dans nos Eglises traditionnelles. Son chemin est potentiellement ouvert à chacun et chacune, pourvu qu’il/elle accepte trois conditions fondamentales : se lancer courageusement dans l’aventure de la prise de conscience, avoir de la patience pour s’engager dans la durée, et accepter de ne pas pouvoir avancer seul(e), donc accepter de se laisser accompagner. Cette démarche de vérité, de vie et d’amour ne se laisse pas réaliser dans une attitude individualiste et du « tout, tout de suite ». Par son journal, Etty nous permet de porter un regard intime sur son itinéraire de croissance personnelle et spirituelle, sur l’histoire de son âme et de son expérience mystique. En réconciliant intelligence et affectivité, elle est devenue ce qu’elle souhaitait être au milieu de la détresse du camp de concentration de Westerbork : « Faites que je sois le cœur pensant de cette baraque » (3 octobre 1942). A travers un travail intensif sur elle-même, Etty est arrivée à guérir son cœur blessé et à l’ouvrir progressivement à l’amour, l’amour de soi d’abord, puis l’amour de Dieu et de toute l’humanité. Sa démarche personnelle, commencée dans une petite chambre à Amsterdam, a fait irrésistiblement grandir en elle le désir de sortir de soi et d’aller vers le monde, pour contribuer à mettre Dieu « au jour dans les cœurs martyrisés des autres » (12 juillet 1942). Son élan d’amour et de vie, qui a brutalement été stoppé le 30 novembre 1943 à Auschwitz, a gardé toute sa force grâce à son journal, qui est devenu pour beaucoup « un baume versé sur tant de plaies » (12 octobre 1942, fin du journal). B. A. choisir avril 2014 12