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t r é s o r
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s o r t
d e
s a
r é s e r v e
Quand on songe à l’obscurantisme qu’on prête à ces périodes reculées, notamment celle du haut Moyen Age, on est confondu par la tolérance de l’Eglise à l’égard d’une iconographie d’origine païenne. Aux yeux de l’homme médiéval, ce remploi attestait de l’ancienneté, et par conséquent de l’authenticité, des reliques, toujours susceptible d’être contestée.
A la croisée des cultures
Très loin de l’autarcie qu’on peut prêter à la période médiévale, ces objets d’art témoignent d’une multiplicité d’influences. Les deux faces de l’aiguière dite de Charlemagne présentent des lions affrontés et des griffons ailés à bec d’aigle. Directement inspirées de l’iconographie orientale et de l’esthétique sassanide, ces représentations rappellent l’influence exercée par les tissus d’Orient dans lesquels on enveloppait les reliques. Agaune est aussi emblématique des échanges entre les foyers artistiques les plus brillants d’Europe. Le coffret reliquaire de Teudéric, datant de la première moitié du VIIe siècle, est orné sur la face antérieure et latérale de plaques d’or pailleté recouvertes de minces lacets d’or soudés. Il cite au revers plusieurs noms qui renvoient à la Souabe, où le culte de saint Maurice était florissant au début du VIIe siècle. La coupe de Charlemagne autour de 1200 est aussi très vraisemblablement de facture germanique ; quant à celle, plus énigmatique, dite de saint Sigismond, elle serait de provenance mongole. Comment serait-elle parvenue à Agaune ? Peut-être grâce à saint Louis, l’un des grands donateurs de l’abbaye. On sait que le souverain avait envoyé en mission des dominicains et des fran-
ciscains afin de convertir les Mongols, ou tout au moins d’en faire des alliés contre l’islam. Riche en exemples illustrant la multiplicité des intervenants venus non seulement de France, mais aussi d’Alle magne, d’Italie ou d’Espagne, le trésor souligne la dimension européenne d’une histoire qui dépassait déjà les frontières locales, à la faveur des échanges entre les cours royales, des croisades jusqu’aux portes de l’Orient, mais aussi des pèlerinages. Dans une certaine mesure, l’exposition offre une seconde lecture où se dessine un espace de réflexion sur le thème de la mixité. Elle nous invite à minorer nos inquiétudes face au spectre de la différence. Doit-on craindre la diversité quand elle génère tant de richesses ? G. N.
expositions
Aiguière dite « de Charlemagne », milieu IXe siècle
33
avril 2014
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