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I mme r s i o n s
e n
c l a s s e s
Classe d’accueil
La cour de Babel est un autre documentaire sur le monde de l’éducation, mais cette fois cela se passe dans un collège parisien, au sein d’une classe spéciale destinée aux étrangers non francophones, nouvellement arrivés en France. Ce type de classe, qualifiée « d’accueil », axe les efforts d’apprentissage sur le français et doit permettre aux élèves de rejoindre, dès que possible, les classes normales correspondant à leur âge. Dans La cour de Babel, la classe en question accueille 24 élèves de 11 à 15 ans, issus de 22 pays, de la Chine à l’Irlande en passant par le Sri Lanka, la Lybie, le Brésil ou l’Ukraine ! Beaucoup appartiennent à des familles déchirées, en demande d’asile. Tous ont mis leur espoir dans l’accomplissement d’une bonne scolarité en France.1 Il y a, par exemple, un Serbe juif dont la famille a été persécutée par des groupes néonazis ; une Guinéenne, qui a fui son pays avec la complicité d’une tante pour ne pas avoir à subir l’excision ; une Sénégalaise, musulmane convertie, comme sa mère, au christianisme de tendance évangélique, et qui avoue ne plus savoir à quel dieu se fier. La réalisatrice Julie Bertucelli, dont le dernier film de fiction était L’Arbre, a elle aussi adopté un dispositif d’immersion prolongée (une année scolaire) sans recours aux interviews. Mais ses choix sont moins radicaux que ceux de son confrère américain : elle sort sa caméra de la classe pour deux séquences à la fin, ponctue ses séquences de
quelques notes de musique et respecte la norme de durée. Le résultat est moins riche qu’At Ber keley en terme de découvertes, mais plus émouvant. J’ai ri et versé une larme avec ces adolescents qui ne sont pas sortis de l’âge tendre et qui, malgré la difficulté de leur parcours (ou à cause de ?), ne sont pas encore totalement inhibés dans l’expression de leurs émotions, ni pervertis par le cynisme am biant. Cette année transitoire dans cette classe-sas est importante pour chacun d’entre eux. Elle se termine par le passage, en banlieue parisienne, d’un examen de français sanctionné par un diplôme ; et aussi par l’obtention d’un prix, dans un festival à Chartres, pour un film réalisé ensemble en classe. Lorsque vient le moment de se quitter, tous sont émus, y compris l’enseignante qui les a cornaqués avec une sollicitude toute maternelle. La voix tremblante, elle leur confie que l’année suivante, elle sera inspectrice d’académie, et qu’elle n’oubliera pas ses « derniers élèves ». P. B.
1 • La plupart ont apparemment été scolarisés dans leur pays d’origine, ce qui n’est pas le cas dans la majorité des classes d’accueil, où la prise en charge des élèves est, de fait, beaucoup plus compliquée.
cinéma
La cour de Babel, de Julie Bertucelli
« La cour de Babel »
27
avril 2014
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