Elle est volatile, parfois partielle, souvent subjective, voire erronée. Elle se gomme au gré du temps, volontairement ou pas. Pourtant notre mémoire est l'une des briques de notre identité propre et collective, politique comme religieuse. Les relations tissées dès notre enfance laissent des traces jusque dans nos gènes. Les liens sociaux s'appuient sur des souvenirs communs pour s'épanouir. Les politiciens jouent sur les figures marquantes du passé pour légitimer leur pouvoir. Choisir revisite des pages de l'histoire au prisme de la mémoire.
Explorer l’espace des possibles, anticiper les conséquences de nos actes sont des démarches complexes, dont on ne peut faire l’économie. Aujourd’hui plus encore qu'hier, les détenteurs du pouvoir, politique, économique ou scientifique en font l'expérience. Ignorer l'exercice peut se payer cher comme le démontrent les articles du second dossier. De mémoire et d’avant-garde, il est aussi question dans l’ensemble des pages Culture de notre premier numéro de l'année 2021. Nous en profitons pour vous souhaitez santé et bonheur!
Laura Weis travaille pour la Compagnie de Jésus aux États-Unis en tant que coordinatrice du projet Jesuits Slavery, History, Memory and Reconciliation (Esclavage, histoire, souvenir et réconciliation). Cette initiative de la Conférence des jésuites du Canada et des États-Unis s’efforce d’entrer en relation avec les descendants d’esclaves, les membres de leurs communautés, ainsi que des chercheurs et partenaires jésuites, afin de retrouver la trace des descendants des esclaves de l’Ordre dans l’Amérique du XIXe siècle. Son but: découvrir l'histoire de ces esclaves, honorer leurs souvenirs et guérir les relations avec leur descendance. Avec l'espoir «qu’ensemble, les communautés descendantes, les jésuites et les institutions jésuites, pourront agir en partenariat pour s’attaquer aux préjugés et au racisme structurel qui découlent de l’esclavage à travers les États-Unis». Cet article fait écho au dossier mémoire de notre revue de janvier-mars 2021. Voir son sommaire.
Les scènes de violences hallucinantes de l'attaque du Capitole, mercredi 6 janvier à Washington, ont fait le tour du monde, suscitant une vague d’indignation quasi-unanime. Quasi, seulement. Car pour de nombreux chrétiens conservateurs convaincus, galvanisés par Donald Trump lui-même, cette tentative d’insurrection était aussi légitime que nécessaire. Ainsi de nombreuses pancartes aux références chrétiennes ont été brandies par les manifestants pro-Trump. Comment comprendre leur présence au milieu de drapeaux tour à tour suprémacistes ou complotistes? C'est que, selon eux, non seulement le scrutin présidentiel aurait été trafiqué, mais le plan de Dieu pour l’Amérique entièrement mis à mal. Plongée au cœur de ces élucubrations avec André Gagné, professeur en études théologiques à l’Université Concordia au Québec et auteur du récent ouvrage Ces évangéliques derrière Trump.
Dans la deuxième partie du XXe siècle, soit il y a à peine quelques années, les sévices infligés en Occident aux mineurs placés dans des maisons de correction ou des centres d’accueil étaient encore courants. La révélation scandaleuse du jour -9000 enfants morts en Irlande entre 1922 et 1998 dans les maisons pour mères célibataires tenues à l’époque par des religieuses catholiques- fait froid dans le dos. Ce roman de Colson Whitehead aussi, car il s’inspire de l’histoire vraie d’un pensionnat disciplinaire pour mineurs de Floride, la Dozier School for Boys.
Le président des États-Unis a encouragé ce 6 janvier 2021 des émeutes dans la capitale du pays qui ont perturbé le travail des membres du Congrès américain dans l’exercice pacifique de leurs devoirs constitutionnels. La foule a encerclé le Capitole des États-Unis et, ce faisant, a enfermé l’assemblée des législateurs et compromis leur sécurité.
L'avis des éditorialistes d'America, traduction de choisir.
Quel est le rôle des victimes dans le processus de réconciliation? Le jésuite allemand Martin Maier sj -qui se trouvait au Salvador en 1989 lors de l'assassinat de six jésuites et de deux laïques- part de son expérience pour dresser plusieurs constats: le pardon et le réconciliation ne peuvent se faire sans le souvenir et sans se souvenir des victimes; le souvenir est intimement lié au récit des souffrances du passé; la réconciliation et le pardon présupposent la vérité et la justice; le pardon et la réconciliation sont une offre faite par les victimes à leurs bourreaux; on ne peut atteindre la réconciliation que lorsqu’on a demandé pardon; les peuples crucifiés sont source de lumière, de salut et de pardon; ceci dans une perspective spirituelle ignacienne.
À l’heure où beaucoup sont au chevet d’une planète à la dérive, les artistes se tournent de nouveau vers le paysage. C’est ce dernier que célèbre l’exposition Sound of silence - Laissons parler les éléments…, en France voisine, au travers d’une véritable rêverie dédiée à la beauté du monde. Iris Hutegger, Jan Gulfoss et Gilles Lorin en subliment la réalité à la faveur d’un sortilège de techniques à la lisière de la peinture, du dessin et de la photographie.
À voir jusqu'au 30 janvier, du mardi au dimanche, ou sur rendez-vous à la Galerie Daltra de Megève.
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