«On s'est éloigné de la tradition africaine authentique, c'est une des raisons des conflits qui déchirent le continent... Dans le passé, il n'y avait, par exemple, pas de tueries du genre des génocides qu’on observe aujourd’hui, on résolvait les problèmes par la palabre...» L'abbé Bujo plaide pour la redécouverte de cette riche tradition, fructueuse, aussi en matière théologique. Fervent promoteur de la «théologie africaine», il affirme haut et fort qu'il existe bel et bien une manière africaine de croire au Dieu de Jésus Christ. Il déplore qu'en Afrique noire, dans les grands séminaires et même dans les Facultés de théologie, on n'enseigne plus qu'une théologie et une philosophie basées sur des concepts issus de la culture occidentale.
Porte de l'Enfer, musée Rodin (Paris)Croire en l'existence du Diable signifie-t-il obligatoirement croire en l'enfer? Comment penser l’enfer sans retomber dans les travers d’une pastorale de la peur? La question peut paraître décalée en ce temps de l'Avent. Elle a cependant était posée vendredi 7 décembre par Henri Blocher, professeur émérite de théologie systématique, lors d’une conférence à la Haute École de théologie (HET-Pro), à Saint-Légier. Le conférencier a proposé un éclairage sur ce thème complexe, et soulevé bien des questions...
«Tapisserie de l’apocalypse» d’Angers (XIVe siècle) © Wikimedia, photo Dennis Jarvis
Selon la tradition chrétienne, le récit de l’Apocalypse provient d’une vision prophétique. Au premier abord, le récit semble un peu obscur. La multitude d’images décrivant cette vision paraît confuse et désordonnée. Pourtant il n’en est rien. Ces images sont hautement symboliques et s’enchaînent selon un ordre cohérent, jusqu’au retour du Christ dans le monde.
Mon but est de rendre compte du fonctionnement du symbole et de son rôle dans les Écritures comme parole révélatrice, notamment celui de «l’agneau égorgé» à la lumière de la symbolique de l'Alliance.
Lors du dernier synode de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, David Hamidovic, doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’UNIL, a déclaré disposer de suffisamment d’éléments pour affirmer que les Facultés de Lausanne et Genève ne collaboreraient pas avec la Haute école de théologie HET-pro qui vient d’ouvrir à St-Légier (VD). Principal argument évoqué, le projet de formation commun aux Facultés de Lausanne et de Genève repose sur une connaissance des religions et du christianisme qui fait place au sens critique, ce qui ne serait pas le cas de la HET-Pro. Il en dit plus à Protestinfo.
En quoi la «théologie du peuple», dont est proche le pape François, diffère-t-elle de la théologie de la libération latino-américaine? Pour en comprendre les particularités, il faut s’intéresser aux contextes socio-politiques dans lesquelles elles ont été élaborées. Car les théologies ne tombent pas du ciel de l’abstraction, mais poussent à partir d’un terreau sociologique bien précis. Le débat permet en outre de mieux comprendre les prises de position du pape François, qui, de par sa nationalité et son héritage culturel argentins, est lié à la théologie du peuple.
Cette analyse a été publiée dans la revue culturelle jésuite Etudes (octobre 2017). Pierre de Charentenay est directeur adjoint de l'Institut catholique de la Méditerranée (ICM).
Image de la série "Six pieds sous terre"J’ai travaillé autrefois pendant quelques mois comme fossoyeur dans un cimetière catholique à Leeds, en Angleterre. La question de la résurrection des morts se posait alors bien naturellement à moi. Comment faire face au fait troublant que la promesse divine semble contredire l’évidence concrète?
Notre équipe consistait en Denis, ses trois fils et moi-même. J’exaspérais Denis. Je n’étais pas son fils. Je n’étais même pas du Yorkshire. Comment savoir si je n’étais pas un agent de la CIA lancé sur ses traces? Le surintendant du cimetière se nommait, comme il se faut, Ted Graves.
La Campagne de Carême 2017 des œuvres d’entraide suisses a pour titre La terre, source de vie, pas de profit! L’accaparement des terres atteint des dimensions gigantesques dans le monde. Pas moins de quarante fois la surface de notre pays a été cédée –principalement en Afrique- à d’autres États et à des investisseurs privés, peut-on lire dans Info-Campagne 2017. Mais pourquoi vouloir faire de la terre une marchandise comme une autre est-il une erreur? Le point de vue de Daniel Rakotoarivola, pasteur de l’Eglise réformée de Madagascar.
«Au Seigneur, la terre et ses richesses, le monde et ses habitants» (Psaume 24,1, TOB). Ce psaume de David nous rappelle une chose: Dieu est l’unique propriétaire de la terre. Même s’il n’ignore pas les droits des rois sur la terre (I Samuel 8), Israël, contrairement à ses pays voisins (l’Egypte, Babylone, l’Assyrie...), où le pharaon et les rois possèdent toutes les terres, Israël se différencie des autres nations par sa foi en un Dieu créateur à qui la terre appartient.
Depuis le 6 février, une quarantaine de théologiens de langue espagnole sont réunis au Boston Collège, dans la ville de la côte est des Etats-Unis, dans le cadre de la «Première rencontre hispano-américaine de théologie». Parmie les interventions remarquées, celle de Gustavo Guttiérez, le père de la théologie de la libération, sur le thème : L’interpellation du pauvre dans un monde globalisé, 50 ans après le Concile.
C'est à Bangui que le pape François lançait en novembre 2015 le Jubilé de la miséricorde, ouvrant la porte sainte de la cathédrale. Malgré la situation dangereuse de ce pays déchiré par la violence, il n’avait pas hésité à s’y rendre, mettant en pratique une théologie de la résistance qu’il appelle régulièrement de ses voeux. Une piste précieuse pour ce continent, comme en témoignait à l'époque le jésuite Michel Segatagara (voir l'article ci-dessous), et comme le redit aujourd'hui le Père Bernard Kinvi, religieux camillien d’origine togolaise, qui dirige l’hôpital de la mission catholique de Bossemptelé (podcaste de Radio Vatican du 11 avril 2017, à écouter ici.
Les Assises chrétiennes de l’écologie, qui ont réuni plus de 2000 personnes fin août à Saint-Etienne, l’ont montré : il y a aura un avant et un après «Laudato Si’» dans l’Eglise catholique. Le pape appelle chaque habitant de la Terre à une conversion radicale par étapes, synthétisées et analysées ici.[1]
Il est habituel de séparer les explications de la science, qui portent sur le comment, de celles de la foi, axées sur le pourquoi. Or les recherches des neurosciences sur le cerveau, alliées à celles des théologiens sur l’Esprit pourraient s’avérer être un mélange détonant, porteur de réponses.
En ce «siècle du cerveau», un très grand nombre de recherches sont en cours, certaines financées par des Etats, d’autres, à une échelle plus locale, par des universités.[1] La compétition entre ces projets rappelle la course à l’exploration de la lune, voici quelques décennies. Qui plantera le drapeau de l’explication définitive sur le territoire du cerveau? En réalité, plus on accumule de données scientifiques, plus celles-ci paraissent inexplicables.[2] Je me suis moi-même penché sur ces recherches, animé par l’idée que l’Esprit et les données empiriques sont indissociables.[3] J’avais en tête l’exhortation adressée par Ignace aux jésuites et à tous ceux qui sont proches de la spiritualité ignatienne: «Chercher et trouver Dieu en toutes choses».
La théologie contemporaine, un peu partout, est en pleine «redécouverte» de l’enseignement au sujet du Saint-Esprit. C’est l’un des bienfaits du mouvement oecuménique et du développement de la théologie chrétienne des religions.
L’enseignement théologique du Saint-Esprit est traversé par un immense effort de «ressourcement». Cela ne devrait pas nous surprendre, au moment où les vagues charismatique et pentecôtiste continuent d’être importantes.