Le patriarche russe Cyrille a promis aux soldats russes le pardon de tous leurs péchés s’ils sacrifiaient leur vie à la guerre et leur a confié qu’ils entreraient directement dans le royaume de Dieu en tant que martyrs. Pour le patriarche Bartholomée, cette position est absolument incompréhensible. Il l'aurait qualifiée de «contradiction avec la doctrine orthodoxe», selon une information de l’agence autrichienne kathpress du 3 octobre 2022
Des idées fondamentalistes pseudo-orthodoxes
En invoquant l’idée du «martyre orthodoxe» et en développant une théologie de la guerre «néopaïenne» et antiévangélique, le chef de l’Église orthodoxe russe se voit qualifier de «serviteur du dieu païen de la guerre» sur la «plateforme libre de discussion» française Parlons d’orthodoxie.«En justifiant la mobilisation [en Russie ndlr] pour faire la guerre contre l’Ukraine et le peuple ukrainien, le patriarche de Moscou a exprimé des thèses anti-chrétiennes qui, du point de vue de la théologie orthodoxe, relèvent du concept ’d’hérésie’», relève Serhii Shumylo, sur ce site qui n’exprime pas la position officielle de l’Église orthodoxe russe. L’Ukrainien y voit chez le patriarche Cyrille «des idées fondamentalistes pseudo-orthodoxes».
«Manipulant délibérément des citations de l’Évangile sorties de leur contexte et déformant leur sens, le 25 septembre 2022, le patriarche de Moscou a exposé une doctrine hérétique du point de vue de l’orthodoxie sur le ’sacrifice rédempteur’» de l’armée russe, écrit Serhii Shumylo. Comparant la mobilisation du peuple russe avec le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ, le patriarche de Moscou a affirmé que ceux qui sacrifient ainsi leurs vies «sont lavés de tous leurs péchés».
Une «théologie de la guerre»
Depuis le 24 février 2022, date du commencement de la guerre contre l’Ukraine, le patriarche de Moscou n’a eu de cesse de formuler sa propre «théologie de la guerre» et la justification «sacrée» de l’agression de la Russie contre sa voisine. De telles déclarations et appels au «sacrifice» contredisent fondamentalement l’esprit et la lettre de l’Évangile et de la foi orthodoxe, poursuit Serhii Shumylo.
Aucune mort «dans l’accomplissement d’un devoir militaire » (et plus encore dans une guerre d’agression !) ne peut automatiquement racheter ou laver les péchés d’une personne, lit-on sur Parlons d’orthodoxie. Aucune «indulgence» du patriarche ou du synode ne peut garantir cela, car une telle guerre est «le péché mortel de Caïn», pour lequel ceux qui le commettent sont sujets à la condamnation et à l’excommunication.
Un blasphème et une insulte flagrants
«La comparaison de la mort des occupants russes avec le sacrifice de Jésus-Christ, pour lequel Dieu le Père a envoyé son Fils pour expier les péchés de l’humanité, et les appels aux parents pour qu’ils donnent à leurs enfants un ’sacrifice qui lave tous les péchés’ est également un blasphème et une insulte flagrants… L’Église orthodoxe russe n’a jamais connu un tel écart dogmatique par rapport à la croyance orthodoxe dans toute son histoire.»