Écrivain, traducteur et éditeur (Bayard puis P.O.L), Frédéric Boyer est connu pour ses relectures contemporaines d’écrits anciens. Il a notamment dirigé l’édition de la Nouvelle Traduction de la Bible (Bayard 2001). Depuis quelques années, avec l’illustrateur Serge Bloch, il s’attaque aux textes fondateurs de l’Ancien Testament, les réécrivant pour l’un, les dessinant pour l’autre. Dans cet ouvrage récent, ils nous convient à une immersion visuelle dans la Parole de Jésus.
Depuis plus d’une année, la pandémie bouleverse nos voyages. Comment se mettre en route sans se déplacer? Spécialiste du Proche-Orient, le jésuite et archéologue Jean-Bernard Livio, qui organise depuis plus de 50 ans des visites en Terre sainte, nous emmène dans les lieux cités par la Bible grâce à différents objets qui lui évoquent une foule de souvenirs.
choisir, dans son numéro d'avril, Hautes Fréquence, le 21 mars, et le Festival Histoire et Cité, du 24 au 29 mars 2021, se font partenaires et s’attèlent ensemble à la thématique du voyage, le temps d'une édition ou d'une émission.
Répandue sur nos plages, revendiquée pour beaucoup comme un mode de vie, la nudité est-elle vraiment condamnée par les écritures? «La nudité, dans notre culture, est inséparable d’une signature théologique», écrit le philosophe italien Giorgio Agamben. Les saints textes condamnent-ils pour autant la nudité? «Il est important de ne pas laisser la pudeur être kidnappée par le fondamentalisme», affirme le rabbin Delphine Horvilleur. La légende fondatrice d’Adam et Ève n’est pas aussi simple que ce que l’imagerie populaire en a retenu: un homme et une femme, créés par Dieu à son image, vivent dans l’innocence au paradis.
Au commencement, était Rome.
Quand Jésus est venu au monde, personne ne l'attendait. Pourtant, sa naissance avait été annoncée pendant des siècles par les prophètes et le peuple d’Israël et ses dirigeants l’espéraient ardemment, mais, lorsqu’elle survint, on ne prit même pas note de la nouvelle qui ne fut pas enregistrée.
Sur quoi repose alors la création de notre calendrier?
Ci-contre: "La Crucifixion", vers 1597-1600, et "L’Adoration des bergers", vers 1612-1614, Le Greco © Wikimedia Commons
Église St-Joseph, NazarethQuand nous cherchons à nous représenter l’enfance de Jésus dans le petit village de Nazareth, nous imaginons une scène paisible: saint Joseph travaille sereinement au milieu des copeaux, la scie et le ciseau auprès de lui, pendant que l’enfant Jésus joue avec de petits chariots de bois fabriqués par son père, Marie chante en faisant la lessive et, aux alentours, les braves paysans cultivent leurs champs. Pourtant la situation était bien différente. L’époque où Jésus vécut fut marquée par des revendications sociales, des révoltes paysannes et des soulèvements politiques, qui se déroulaient parfois très près de Nazareth, rappelle Ariel Álvarez Valdés, bibliste, président de la Fondation pour le dialogue entre science et foi.
"La crucifixion" par Jan van Eyck ©Wikimedia CommonsTous les évangiles affirment que Jésus n’est pas mort seul, mais qu’il fut crucifié à côté d’autres hommes. Mais ils ne nous disent pas qui ils étaient. Marc et Matthieu disent que c’étaient des «bandits» (en grec lestés). Luc les appelle des «malfaiteurs» (kakúrgos). Seul Jean parle de «deux autres», sans plus de détails. Quel délit ces hommes ont-ils commis? Quand furent-ils arrêtés? Pourquoi le Nouveau Testament a-t-il tu leurs noms, alors qu’ils avaient partagé la fin tragique de Jésus?
Jésus cherchait-il la révolution? Ne dites pas trop vite non. Car ses paroles, ses gestes, sa prédication menèrent certains à penser: avec lui commence le Grand Soir! La seule façon de répondre à la question est de comparer Jésus aux révolutionnaires de son temps.
Ancien pasteur, professeur honoraire de Nouveau Testament à l’Université de Lausanne, Daniel Marguerat est un spécialiste des débuts du christianisme et a dirigé des collections éditoriales, dont Comprendre le christianisme et avancer en spiritualité (chez Cabédita). Parmi ses nombreux livres, notons ses remarqués commentaires des Actes des apôtres (Genève, Labor et Fides 2015).
«Pensant que c’était le jardinier» (Jean 20,15).
Lorsque Marie, la première, rencontre le Seigneur ressuscité, elle voit en lui un jardinier. Est-ce une méprise ou au contraire la manifestation de son profond enracinement en l’être de Dieu, auquel, depuis le premier jour, le Créateur nous appelle et nous forme?
Dans le célèbre chapitre 20 de l’évangile selon saint Jean, Marie, la première, rencontre le Christ ressuscité seule à seul. Eplorée, elle a cherché en vain le Seigneur dont le corps ne se trouve plus dans le tombeau. Après diverses péripéties, elle est abordée par Jésus lui-même: «Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?» Marie alors, «pensant que c’était le jardinier, lui dit: Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi j’irai le prendre» (Jn 20,14-15). On connaît la suite: Jésus se contente de l’appeler par son nom: «Marie» et elle, «s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabbouni, ce qui veut dire Maître» (Jn 20,16). J’aimerais m’arrêter sur cette énigmatique mention du jardinier.
Commencer une réflexion sur le problème brûlant de la migration en ouvrant une Bible, est-ce plus qu’un rituel pour une revue chrétienne? Tout dépend de ce que nous attendons de la Bible. Dans une perspective théologique, l’Écriture est prise comme Parole de Dieu. Elle peut aider à comprendre ce que le Seigneur nous dit face aux populations en marche.
Adrian Schenker est professeur émérite à la Faculté de théologie de Fribourg. Ses travaux portent sur l’histoire du droit, la théologie et l’histoire du texte biblique. Il est l’auteur notamment de Une Bible archétype? Les parallèles de Samuel-Rois et des Chroniques (Paris, Cerf 2013, 208 p.).
Dans l’histoire du Salut, que de personnes surgissent, que d’évènements surviennent... dans la nuit! Rien qu’à ausculter les évangiles, la moisson est abondante.
Comme au premier commencement («Il y eut un soir avant le matin», Gn 1,5), les commencements du Sauveur Jésus sont marqués par l’expérience de la nuit. Joseph accueille sa bonne nouvelle «en songe». La famille migrante de Nazareth cherche un logement pour la nuit de la naissance, et finalement c’est la soupente d’une étable obscure qui sert de berceau pour l’enfant. Dans cette même nuit, des bergers gardant leurs troupeaux découvrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire, pour leur plus grande joie. Et quand vient le tour des mages, c’est encore une étoile dans la nuit qui leur indique l’endroit où est l’enfant.
De la nuit première de la création, au jour dernier de l’Apocalypse, toute la Bible est construite sur l’alternance nuit/jour. Les yeux encore voilés par le sommeil dont Dieu nous tire, nous sommes invités à ouvrir les yeux sur la clarté de la Lumière.
Depuis plus de 35 ans, le Père Livio conduit des groupes en Terre sainte et propose des Vendredis bibliques. Ces rencontres ne sont ni un enseignement académique, ni une prédication, mais une réflexion en prise avec l’actualité, s’articulant autour de thématiques bibliques.
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus, s’adressant à Pierre, lui dit: «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise» (16,18). C’est là que Jésus aurait placé Pierre à la tête de l’Eglise - et donc créé la papauté. Une interprétation non soutenue par l’exégèse contemporaine qui souligne la foi de l’apôtre. Une autre hypothèse liée à l’histoire de la communauté d’Antioche est présentée ici.