Où se trouve la maison de Dieu? Même les plus perfectionnés des GPS ne permettront jamais de la localiser. Car dans la Bible, cette demeure… ne demeure jamais stable. Temple fixe et arche d’alliance mouvante se côtoient, pour mieux nous échapper, mais aussi pour mieux nous rencontrer.
Le dominicain Philippe Lefebvre est professeur d’Ancien Testament à l’Université de Fribourg. Il est l’auteur de nombreux ouvrages. Dernier en date, Propos intempestifs de la Bible sur la famille (Paris, Cerf 2016, 192 p.).
Quand nous cherchons à nous représenter l’enfance de Jésus dans le petit village de Nazareth, nous imaginons une scène paisible: saint Joseph travaille sereinement au milieu des copeaux, la scie et le ciseau auprès de lui, pendant que l’enfant Jésus joue avec de petits chariots de bois fabriqués par son père, Marie chante en faisant la lessive et, aux alentours, les braves paysans cultivent leurs champs. Pourtant la situation était bien différente. L’époque où Jésus vécut fut marquée par des revendications sociales, des révoltes paysannes et des soulèvements politiques, qui se déroulaient parfois très près de Nazareth, rappelle Ariel Álvarez Valdés, bibliste, président de la Fondation pour le dialogue entre science et foi.
La pasteure et docteure en théologie Isabelle Graesslé, ancienne modératrice de la Compagnie des pasteurs de Genève de 2001 à 2004, a dirigé le Musée international de la Réforme de Genève de 2004 à 2016. Elle a aussi été chargée de cours en études genre aux universités de Genève et de Lausanne (1995 à 2002) et a axé une partie de ses recherches autour de la théologie féministe.
Le 27 mars 2018, un article de l’agence Protestinfo émettait l’hypothèse que les lectures progressistes de la Bible améliorent le statut des femmes dans les institutions religieuses.[1] Est-ce si simple ? Et, pour commencer, en fonction de quels critères et de quelle méthode exégétique, féministe en particulier, une lecture peut-elle être taxée de progressiste ou rétrograde ?
Les notions de corps et de chair dans les écrits pauliniens sont chargées d’ambiguïté en raison d’interprétations réductrices qui, au cours des siècles, ont eu une grande influence sur la vie chrétienne. Les clarifier à partir des textes eux-mêmes permet de secouer bien des clichés et de saisir toute leur actualité.[1]
Chantal Reynier est collaboratrice scientifique à l’Université de Fribourg. Elle a enseigné durant 24 ans l’exégèse biblique aux Facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres). Elle est une laïque consacrée (Fraternité OASIS) et une spécialiste de saint Paul, sur lequel elle a écrit plusieurs ouvrages. Dernier en date: Vie et mort de Paul à Rome, Paris, Cerf 2016.
Tous les évangiles affirment que Jésus n’est pas mort seul, mais qu’il fut crucifié à côté d’autres hommes. Mais ils ne nous disent pas qui ils étaient. Marc et Matthieu disent que c’étaient des «bandits» (en grec lestés). Luc les appelle des «malfaiteurs» (kakúrgos). Seul Jean parle de «deux autres», sans plus de détails. Quel délit ces hommes ont-ils commis? Quand furent-ils arrêtés? Pourquoi le Nouveau Testament a-t-il tu leurs noms, alors qu’ils avaient partagé la fin tragique de Jésus?
Faut-il avoir peur de l’apocalypse ? Si l’on s’en tient au langage populaire, à l’emploi que font trop souvent les journalistes de ce mot, auquel ils donnent la signification de catastrophe, de fin du monde, la réponse est peut-être oui. Mais pour qui décode le livre de la Bible, c’est tout sauf ça!
Jean-Bernard Livio sj a longuement exploré l’Apocalypse, mettant au centre de certains de ses enseignements ce livre difficile. En 2000, il signait l’adaptation théâtrale de ce texte biblique, mis en scène par Pierre-Alexandre Jauffret, avec le comédien Richard Vachoux. Un spectacle joué aux Bâtiment des Forces motrices de Genève, qui rencontra un grand succès.
Jésus cherchait-il la révolution? Ne dites pas trop vite non. Car ses paroles, ses gestes, sa prédication menèrent certains à penser: avec lui commence le Grand Soir! La seule façon de répondre à la question est de comparer Jésus aux révolutionnaires de son temps.
Ancien pasteur, professeur honoraire de Nouveau Testament à l’Université de Lausanne, Daniel Marguerat est un spécialiste des débuts du christianisme et a dirigé des collections éditoriales, dont Comprendre le christianisme et avancer en spiritualité (chez Cabédita). Parmi ses nombreux livres, notons ses remarqués commentaires des Actes des apôtres (Genève, Labor et Fides 2015).
«Pensant que c’était le jardinier» (Jean 20,15).
Lorsque Marie, la première, rencontre le Seigneur ressuscité, elle voit en lui un jardinier. Est-ce une méprise ou au contraire la manifestation de son profond enracinement en l’être de Dieu, auquel, depuis le premier jour, le Créateur nous appelle et nous forme?
Dans le célèbre chapitre 20 de l’évangile selon saint Jean, Marie, la première, rencontre le Christ ressuscité seule à seul. Eplorée, elle a cherché en vain le Seigneur dont le corps ne se trouve plus dans le tombeau. Après diverses péripéties, elle est abordée par Jésus lui-même: «Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?» Marie alors, «pensant que c’était le jardinier, lui dit: Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi j’irai le prendre» (Jn 20,14-15). On connaît la suite: Jésus se contente de l’appeler par son nom: «Marie» et elle, «s’étant retournée, lui dit en hébreu : Rabbouni, ce qui veut dire Maître» (Jn 20,16). J’aimerais m’arrêter sur cette énigmatique mention du jardinier.
Commencer une réflexion sur le problème brûlant de la migration en ouvrant une Bible, est-ce plus qu’un rituel pour une revue chrétienne? Tout dépend de ce que nous attendons de la Bible. Dans une perspective théologique, l’Écriture est prise comme Parole de Dieu. Elle peut aider à comprendre ce que le Seigneur nous dit face aux populations en marche.
Adrian Schenker est professeur émérite à la Faculté de théologie de Fribourg. Ses travaux portent sur l’histoire du droit, la théologie et l’histoire du texte biblique. Il est l’auteur notamment de Une Bible archétype? Les parallèles de Samuel-Rois et des Chroniques (Paris, Cerf 2013, 208 p.).
Dans l’histoire du Salut, que de personnes surgissent, que d’évènements surviennent... dans la nuit! Rien qu’à ausculter les évangiles, la moisson est abondante.
Comme au premier commencement («Il y eut un soir avant le matin», Gn 1,5), les commencements du Sauveur Jésus sont marqués par l’expérience de la nuit. Joseph accueille sa bonne nouvelle «en songe». La famille migrante de Nazareth cherche un logement pour la nuit de la naissance, et finalement c’est la soupente d’une étable obscure qui sert de berceau pour l’enfant. Dans cette même nuit, des bergers gardant leurs troupeaux découvrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire, pour leur plus grande joie. Et quand vient le tour des mages, c’est encore une étoile dans la nuit qui leur indique l’endroit où est l’enfant.
De la nuit première de la création, au jour dernier de l’Apocalypse, toute la Bible est construite sur l’alternance nuit/jour. Les yeux encore voilés par le sommeil dont Dieu nous tire, nous sommes invités à ouvrir les yeux sur la clarté de la Lumière.
Depuis plus de 35 ans, le Père Livio conduit des groupes en Terre sainte et propose des Vendredis bibliques. Ces rencontres ne sont ni un enseignement académique, ni une prédication, mais une réflexion en prise avec l’actualité, s’articulant autour de thématiques bibliques.
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus, s’adressant à Pierre, lui dit: «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise» (16,18). C’est là que Jésus aurait placé Pierre à la tête de l’Eglise - et donc créé la papauté. Une interprétation non soutenue par l’exégèse contemporaine qui souligne la foi de l’apôtre. Une autre hypothèse liée à l’histoire de la communauté d’Antioche est présentée ici.