Les images poignantes du pape Jean Paul II à Jérusalem, au mémorial de Yad Vashem et
plus encore au Mur des Lamentations, permettent de mesurer le chemin parcouru en une ou
deux générations entre chrétiens et juifs. Déjà le geste de Jean XXIII ordonnant, en 1960,
d'ôter de la liturgie du Vendredi Saint un terme désuet, offensant pour les juifs, puis, plus
encore, le texte du concile Vatican II, en 1965, soulignant que «tous les juifs» ne sont pas
responsables de la mort de Jésus, ont ouvert à un nouveau type de relations entre le
judaïsme et l'Eglise catholique. En même temps, de nombreux historiens d'origine chrétienne
ont montré que, très tôt, dès les IIIe et IVe siècles, des hommes d'Eglise et de gouvernement
ont divulgué un enseignement du mépris à l'égard du judaïsme, favorisant ainsi, à certaines
époques, des mesures vexatoires et des crimes très nombreux. Mais revoir l'histoire chrétienne
et la tradition ne suffit pas. Il faut remonter en amont. Depuis une dizaine d'années, les
exégètes chrétiens «revisitent» aussi sous cet angle les assises mêmes de la «maison chrétienne
», à savoir le Nouveau Testament.