Le constat s'impose : depuis quelques années, le fait religieux n'est plus un sujet rébarbatif dans les médias occidentaux. Bien au contraire. La régularité avec laquelle reviennent dans les quotidiens, les magazines et les revues, à la télévision et à la radio les dossiers consacrés aux questions religieuses, au sens large, laisse à penser que celles-ci intéressent un public de plus en plus vaste et qu'elles sont devenues un thème «vendeur». L'apparition d'une page «religion» dans certains quotidiens est également un signe de cette évolution. Le temps où la presse s'attachait à évoquer le «déclin du religieux» (années 60) semble très lointain. Aujourd'hui, elle préfère parler de «retour du religieux», de «réveil spirituel», de «nouvelles spiritualités», voire de «triomphe des religions». Ainsi, en l'espace d'une trentaine d'années, l'appréhension médiatique du fait religieux s'est profondément modifiée. Elle a suivi pour l'essentiel les métamorphoses qui ont caractérisé le champ religieux, mais elle a aussi répondu à des impératifs commerciaux.
Dire que la religion est l'objet d'une médiation n'a rien d'une affirmation révolutionnaire. La religion s'est toujours transmise par une médiation qu'elle soit orale, écrite, imprimée ou celle aujourd'hui des médias électroniques. L'élément incontestablement nouveau qui caractérise la situation contemporaine est la capacité «des médias modernes d'offrir des moyens illimités de manipulation symbolique au travers d'images et de représentations permettant de renouveler indéfiniment la narration».1 La question qui se pose, dès lors, est de savoir quels effets ont ces moyens illimités ?