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mardi, 06 novembre 2007 01:00

Neige en novembre, Noël en décembre

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Il existe une foule de dictons de ce genre pour éclairer ce mois sans lumière. Et la sagesse populaire semble avoir de bonnes raisons d'ironiser sur ce mois où apparaissent souvent chez nous les premières marques évidentes de l'hiver. Même la tradition populaire du 1er novembre dans les campagnes catholiques n'a pas réussi à estomper complètement le « jour des morts » et l'indispensable visite aux cimetières ! Les feuilles tombent, la lumière décroît et la vie semble fuir les rues et les places publiques, pour se calfeutrer, bien au chaud, dans l'intimité des foyers. Voilà qui peut laisser songeur, surtout lorsqu'on est tenté de généraliser ce sentiment de repli au plan collectif, communautaire, national, voire mondial.

Les signes ne manquent pas qui manifestent cette frilosité. Les murs s'érigent, autant pour ne plus voir ce qu'ils sont sensés cacher, que pour se séparer de ceux avec lesquels on ne veut plus ou on ne peut plus vivre. On n'a jamais autant reconstruit de murs depuis quelques années, alors qu'on avait à peine goûté l'euphorie d'un temps où ils commençaient à tomber.

Dans la société, en politique nationale autant qu'internationale, dans le fossé grandissant entre riches et pauvres sur l'ensemble de la planète, les murs ne cessent de s'ériger. Les gouvernements semblent de plus en plus dirigés par des va-t-en-guerre de tout poil. Et les tribuns de sonner les clairons pour menacer, par exemple la France face à l'Iran, ou pour semer la peur ; ainsi à l'intérieur de nos frontières, ces affiches imbéciles aux slogans primaires. Même dans l'Eglise se fait sentir de plus en plus ce repli frileux sur des positions anciennes depuis longtemps remises en question. A l'époque des grandes déclarations d'intention, chacun se barricade derrière ses peurs pour chasser, sinon ses cauchemars, du moins les moutons noirs de ses fantasmes. Cela pourrait devenir angoissant, si l'on n'oubliait pas, au-delà des slogans racoleurs, de se souvenir de l'Histoire qui nous rappelle qu'un retour en arrière n'est pas la solution !

L'Europe, par exemple, se cherche une identité. L'économie a fini d'en être la raison d'être ou surtout l'amalgame qui pouvait la souder. Ainsi que le propose Stéphane Pfister dans ce numéro, il y a un véritable défi à relever dans la recherche de la paix et de la sécurité mondiale. Et l'Europe de par son histoire - et ses guerres dépassées - a un rôle important à jouer comme acteur dans la recherche de la résolution des conflits. En écho, il est bon de lire les pages éclairantes de Pierre de Charentenay, spécialiste en la matière, qui explique les conditions d'un nouveau traité pour définir l'Europe.

Plus près de nous, le Conseil oecuménique des Eglises (COE) fêtera dans quelques mois son 60e anniversaire. Qui aurait cru, en 1948, que l'on parviendrait à regrouper dans une commune réflexion et autour de questions essentielles, touchant bien des points de notre vie humaine et de nos aspirations spirituelles, 347 Eglises (membres du COE à ce jour) de plus de 110 pays, ce qui veut dire environ 560 millions d'hommes et de femmes s'affirmant chrétiens. Auxquels il faudra bien que les autorités vaticanes se joignent un jour comme membre à part entière, sur tous les plans et dans toutes les commissions. Mais dire que les Eglises se parlent, c'est encore trop souvent avouer que ce sont surtout les « princes » qui prennent la parole au nom de leurs fidèles, comme le remarque très justement Anne Durrer, qui nous livre sa chronique de la 3e Assemblée oecuménique européenne, tenue le mois dernier à Sibiu, en Roumanie.

Alors, si profitant de ce temps hivernal de répit avant que la nature ne se réveille au printemps prochain, on essayait de relire le quotidien autrement. Non sous l'éclairage des News si souvent catastrophiques de nos médias, mais à la lumière de cette autre « Bonne » nouvelle, auquel le chrétien devrait plus souvent faire référence pour réchauffer l'espérance. Lire ou relire les signes des temps autrement que dans la brume tristounette de nos medias habituels, c'est bien une des missions de choisir. Ou pour reprendre ce mot délicieux d'une enfant de 6 ans racontant en classe l'enterrement auquel elle venait de participer : « On est allé dans un grand jardin et on a planté la grand-mère ... » Pour ajouter qu'elle y était revenue l'après-midi, et que la grand-maman avait fleuri !

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