Je confesse être un peu trop jeune pour avoir de Vatican II des souvenirs personnels. Pour l'historien que je suis, le concile des années 1962-1965 est donc avant tout un événement qui relève de l'histoire. Un événement capital, même si l'on ne se risquera peutêtre pas, comme l'a fait le général de Gaulle, à le baptiser «plus grand événement du XXe siècle». Il serait simpliste d'imaginer pour autant une cassure brutale entre un avant et un après. Le concile s'est voulu réformateur et s'est donc (tout comme les «réformateurs » du XVIe siècle) inscrit dans une tradition. Que l'on sache, il n'a jamais prétendu vouloir tout reconstruire à partir de zéro. Mais si le concile de Vatican II a ses limites et s'il laisse - parfois à dessein - ouvertes un certain nombre de questions, ce serait faire preuve de mauvaise foi que de ne pas saluer, d'abord, ses notables avancées. Quel changement de décor, pour le catholicisme romain, que ces années 1962-1965 !
Il faut une bonne dose d'audace pour psychanalyser son propre père, ou du moins celui qu'on a choisi pour guide. C'est pourtant ce qu'a osé William W. Meissner en mettant Ignace de Loyola sur le divan du psychanalyste. Docteur en médecine et psychanalyste, jésuite de surcroît, William Meissner enseigne au Boston College MA et pratique à l'Institut psychanalytique de Boston. Bon connaisseur des interactions entre la vie spirituelle et la psychologie, il est évidemment familier de la spiritualité ignatienne. Malgré toutes ces qualifications, son entreprise semblait un pari impossible. Son ouvrage tient ses promesses, pour le plus grand intérêt des études ignatiennes.