L'implantation de l'islam en Occident a pour effet, entre autres, le renforcement du «combat » entre apôtres du laïcisme et tenants des religions. Les tensions cristallisent en particulier autour de la question de la compatibilité de certains signes extérieurs de la foi et de la laïcité. Pourquoi cet acharnement contre les symboles religieux ? Supprimer tout signe religieux dans les institutions étatiques est-il un gage de paix civile ? Ou n'est-il pas dangereux, au contraire, d'asphyxier les expressions identitaires ?
En étudiant l'histoire de la Suisse multilingue, on se rend vite à l'évidence qu'il n'est pas possible de comprendre la question des langues si on ne s'intéresse pas en même temps au christianisme et aux confessions chrétiennes en terre helvétique. Dans notre pays, les problèmes linguistiques et religieux ont toujours été imbriqués de multiples façons. La question religieuse a influencé au cours de l'histoire les relations entre les groupes linguistiques. Mais si la Suisse multilingue ne peut être comprise sans référence au christianisme, pourra-t-elle survivre à une déchristianisation de notre société ? Pour ne pas susciter de faux espoirs, précisons que nous aborderons la question sans prétendre y répondre.