Nous sommes indignés qu’un pays qui se vante toujours d’être une démocratie mette de telles muselières à des œuvres qui s’engagent pour un monde plus juste. Nous protestons contre le fait que les suites de l’injustice peuvent être atténuées, mais que les noms des responsables qui causent ces injustices doivent être tus. Comment pouvons-nous avoir devant nos yeux les conditions de vie de millions et de millions d’humains rendus pauvres, sans prendre simultanément en considération les conditions-cadres politiques co-responsables de l’appauvrissement de populations entières? Et comment rendre possible un changement durable vers un monde meilleur, comment s’engager pour que le système social et écologique se transforme, sans chercher à changer en profondeur la conscience personnelle et politique par du travail d’information et de formation?
Ce sont précisément la Campagne œcuménique de Pain pour le prochain et Action de Carême (financée par des moyens privés) et d’autres œuvres qui, durant des décennies, y ont fourni une contribution inestimable. Le travail d’information et de formation des deux œuvres a non seulement révélé à des générations entières les vraies raisons de la réelle pauvreté, mais il garde également vivant pour des générations entières le rêve d’un autre monde, un monde de paix et de justice. Face aux défis globaux, il ne suffit de loin pas de soutenir les frères et sœurs en humanité dans le Sud. Il faut que le travail là-bas et le travail politique chez nous restent liés.
La collaboration en matière de développement et la politique de développement sont indissociables.
Nous vous prions instamment, Monsieur le Conseiller fédéral, d’écouter la voix prophétique des œuvres d’entraide, d’apprécier à leurs juste valeur les expériences faites pendant des décennies et de revoir votre propre attitude. Nous vous en remercions.