lundi, 06 novembre 2000 01:00

Dieu des Juifs ou Dieu du Christ

Le Dieu de l'Ancien Testament serait-il un Dieu cruel, différent du Dieu bon de l'Evangile ? Le christianisme serait-il inscrit hors de l'histoire du judaïsme ? Des questions que d'aucuns se posent encore, à travers une lecture sélective de l'Ecriture, sans savoir qu'ils suivent en cela un certain Marcion, riche armateur du milieu du IIe siècle après J.-C., originaire de Sinope, dans le Pont sur la Mer Noire (Turquie). Sa pensée dissidente provoqua une vive tension dans la communauté chrétienne de Rome.

vendredi, 06 octobre 2000 02:00

L'Etat se meurt, vive les juges

Nos sociétés de cette fin de siècle se caractérisent, entre autres, par un recours toujours plus large à l'intervention judiciaire pour résoudre des problèmes de nature sociale, voire politique. Un phénomène calqué sur le modèle anglo-saxon du droit, influencé par le développement de l'individualisme et des théories économiques libérales. Au juge de compenser le «moins d'Etat».

Une éthique de la transgression ne signifiera jamais une banalisation juridique. Je me propose de présenter et de discuter ici les développements récents de la question de l'euthanasie active directe dans le monde francophone, à partir des propositions émises en Suisse et en France notamment, mais aussi, dans une moindre mesure, en Belgique. Puis, de procéder à quelques clarifications conceptuelles au sujet des notions de légalisation et de dépénalisation. Ma réflexion se concentrera enfin sur le thème de la transgression, un thème qui apparaît en général comme opposé à l'idée même de l'éthique, et notamment de l'éthique chrétienne. Je m'efforcerai de montrer au contraire que la transgression, dans son caractère exceptionnel, représente une possibilité à la fois très forte et tout à fait plausible du courage et de la véracité ; je présupposerai, sans le développer ici, que l'appel à ces deux valeurs éthiques peut se réclamer à bien des titres de l'esprit de l’Évangile.

vendredi, 06 octobre 2000 02:00

Don Lorenzo Milani

Bien des figures marquantes d'une époque tombent dans l'oubli. C'est le cas de don Milani. Très critique à l'égard d'une institution ecclésiale s'attachant plus à offrir à la jeunesse de l'époque (Guerre froide) des divertissements pour la détourner du communisme que de l'instruire, il enseigna des années à des enfants de paysans afin de leur restituer la parole et la culture. Des écrits méconnus témoignent de cet engagement évangélique radical. Ils méritent le détour.
Ouvrage solide, rédigé par des professionnels (archivistes, professeurs d'histoire religieuse et d'histoire nationale pour la plupart), «L'Histoire religieuse de la Suisse, la présence des catholiques»1 est le fruit d'un colloque organisé en Italie à la Villa Cagnola. Le nombre important d'auteurs laïques donne une orientation particulière à cette étude. Plus qu'une vision de la théologie et de la spiritualité, voire une description de la religion populaire, c'est un historique du rapport entre les institutions ecclésiastiques et les institutions politiques qui est présenté. S'il est partial, cet angle de vue s'avère particulièrement fructueux en ce qui concerne la Suisse car, au travers de ces pages, on saisit beaucoup mieux les liens entre religion et politique dans ce pays, surtout à propos de deux épisodes majeurs : la Réforme protestante au XVIe siècle et le Kulturkampf au XIXe siècle. En ce sens, cette étude ouvre la porte à une approche nouvelle et suggestive non seulement de l'histoire du catholicisme mais aussi de l'histoire générale de la Suisse
mercredi, 06 septembre 2000 02:00

Présence d'Emmanuel Levinas

D'aucuns situent la pensée d'Emmanuel Levinas très haut et très loin, à cause de sa rigueur, de son exigence et, sans doute, de sa spécificité - tant dans son élaboration que dans son expression. Elle frappe, en effet, par sa singularité qui donne tout son éclat à la place qu'elle occupe dans le paysage de la philosophie contemporaine. Or la proximité comme mode de penser et comme manière d'être est, me semble-t-il, l'une des caractéristiques qui convient le mieux pour évoquer sa personne et son oeuvre. Ceux qui, comme moi, l'ont connu de près ne pouvaient être insensibles à sa simplicité, à sa disponibilité, à son ouverture et à son attention à autrui, comme aussi à sa spontanéité, à sa pudeur et à son sens de l'humour.
A moyen terme, la Turquie deviendra membre à part entière de l'Union européenne. Reste à savoir comment un pays où est implanté un islam qui peine à s'adapter et à se moderniser peut réaliser une telle intégration. Une conférence internationale s'est tenue à Istanbul, du 3 au 7 mai, sur le thème, «La religion en Turquie, à la veille de son entrée dans l'Union européenne». Elle a clairement montré les inquiétudes que suscite au gouvernement d'Ankara l'importante diaspora turque installée en Europe, ainsi que les désaccords régnant en Turquie même à propos de la place de l'islam et du rôle des chefs religieux dans une société moderne et sécularisée.
La Grèce traverse une crise sociale importante, déclenchée par la suppression de la mention obligatoire de l'appartenance religieuse sur les cartes d'identité des citoyens. Après des siècles d'unité, l'Eglise orthodoxe et l'Etat de droit s'affrontent. En toile de fond, les craintes et les réactions nationalistes que la mondialisation entraîne.
En ouvrant une procédure de consultation cet été, le Conseil fédéral a lancé le débat sur l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Ce débat sera sanctionné par un vote populaire au plus tard au début de 2003. D'ici là on parlera beaucoup de neutralité, de coûts, de souveraineté. Mais quelle peut être la vision d'avenir qui nous amènera, nous, peuple suisse, à adhérer à cette organisation ? La question mérite d'être posée en jetant un regard prospectif sur la mondialisation en cours et les réponses qu'il est possible de lui donner.
La richesse n'est-elle qu'une tare obstruant à ses possédants la route du paradis ? Où, selon l'usage que l'on en fait, est-elle chance de salut ? Au II e siècle déjà, Flavius Clemens, Père de l'Eglise, apportait d'éclairantes réponses à ce débat théologique, ouvrant ainsi la voie au christianisme social. Il faisait du partage des biens une valeur incontournable du christianisme et un facteur de stabilité sociale efficace. Une analyse qui s'applique au monde moderne.