C'est le destin de toute pensée, de toute philosophie de vieillir. Celle de Sartre, supposet- on, aurait vieilli à grande vitesse. La chute du Mur, l'effondrement du monde communiste auraient en quelque sorte invalidé ou «délégitimé» l'essentiel de son oeuvre. Exit Sartre, frappé de nullité par l'histoire. Il y a quelque chose de vrai dans ce triste destin posthume. La fin de la guerre froide a accéléré le processus de mise en question de la pensée sartrienne. Elle a imposé, à peine dix ans après la mort de l'écrivain, un changement radical de perspective sur ce qu'il a laissé. Ce retournement a accéléré les réexamens et réévaluations que subit toute oeuvre. Mais cela ne veut pas dire que celle de Sartre vieillisse plus vite qu'une autre. Après tout, un réexamen peut être le point de départ d'une nouvelle jeunesse. Prendre ses distances n'est pas enterrer.
La pastorale de la jeunesse est une proposition qui doit se faire à la fois avec ouverture et fermeté si elle veut rejoindre la liberté individuelle et en même temps l'exigence de la demande. Car les jeunes prient, croient, cherchent, comme l'ont montré des récentes enquêtes en Suisse, mais on ne les voit plus dans nos édifices ; ils se disent de l'Eglise, mais ils ne sont plus dans les églises. Nous ne pouvons plus compter sur une pastorale massive et donc visible.
jeudi, 06 juillet 2000 02:00

Au nom des douze apôtres

La chapelle de Develier-Dessus, avec son chemin de l'unité qui la relie au Carmel Notre- Dame de la Solitude, redeviendra-t-elle ce lieu de pèlerinage qu'elle a été au XIXe siècle ? La réponse est double et postule des conditions préalables. Si les communautés chrétiennes jurassiennes entretiennent le feu allumé la veille de Pâques 1993, si elles poursuivent leur sentier intérieur d'unité, alors la chapelle redeviendra lieu de pèlerinage pour les communautés catholiques et orthodoxes. Et pour les réformés, elle sera un lieu de culte et de rassemblement. Lieu de culte pour les familles protestantes du hameau jurassien et chapelle dans laquelle se dérouleront en priorité les activités oecuméniques. Un de ces endroits nouveaux qui répond à une quête intérieure de sens. Et qui va différer, par sa dimension oecuménique, des lieux de pèlerinage jurassiens tels le Vorbourg à Delémont, Saint-Fromont à Bonfol ou Notre-Dame de Lorette à Porrentruy.
Le projet de vie de saint François d'Assise trouva au moment de la réforme des capucins son caractère spécifique, montrant ainsi comment une spiritualité inspirée par l'Evangile pouvait évoluer. Aujourd'hui, dans le couvent des capucins d'Altdorf, cette spiritualité est à la recherche d'un prolongement local et contemporain.
jeudi, 06 juillet 2000 02:00

Entre lait et sang

Il y a plusieurs excellentes raisons de s'arrêter dans ce village sis, à 10 kilomètres de Zoug, en direction de Zurich : la beauté de son église cistercienne et un retour aux sources de notre histoire marquée par les conflits religieux. Les difficultés actuelles du dialogue oecuménique renvoient à une époque sombre, où les ardeurs de la foi et le désir de pouvoir l'emportaient sur l'esprit de conciliation.
jeudi, 06 juillet 2000 02:00

Dans le ventre de la grotte

De nos jours encore, les grottes sont des lieux mystérieux, tout ensemble fascinants et dangereux, qui évoquent non seulement les lointaines époques des troglodytes mais aussi les neuf mois passés dans l'abri silencieux du sein maternel. L'histoire des fils de Dieu et du monachisme est marquée, elle aussi, par les grottes. Celle de Maria im Stein a débuté au XIVe siècle : le sanctuaire attire toujours plus de pèlerins, accueillis par des moines bénédictins.
Fondé au Ve siècle déjà, le monastère de Romainmôtier a été placé trois cents ans plus tard sous la protection des saints Pierre et Paul, colonnes de la foi catholique, pour l'un, et du protestantisme, pour l'autre. Il est devenu depuis cinquante ans un haut lieu d'oecuménisme religieux, toujours vivant.
Les événements de l'histoire souvent se répètent, mais nous ne savons pas toujours reconnaître dans l'actualité les enjeux qui permettront à l'humanité de faire un pas en avant. En effet, souvent ceux-là se cachent sous des apparences qui nous effraient. Le mal que nous préférerions ne pas voir peut parfois provoquer la découverte de ce qu'il y a de plus beau dans l'homme. Tout au long de leur histoire, les chrétiens témoignent d'une espérance qui est au-delà de toute espérance ; l'exemple de saint Maurice illustre encore aujourd'hui une telle victoire, qui dépasse notre logique et nos attentes. Il s'agit de celle remportée sur le mal et sur la mort, centre de la révélation chrétienne, qui est devenue l'expérience propre de tant d'hommes et de femmes à travers les siècles.
Si l'art est matière de goût et l'appréciation esthétique largement une question de sensibilité, comment certains théologiens, tel Hans-Urs von Balthasar, ont-ils pu donner à la beauté, dans leur approche de Dieu et du divin, un statut équivalent à celui que la tradition chrétienne assigne à l'être, au bien et au vrai ? Si nous avons de ce qui est beau une vision subjective, si nous appelons ainsi ce qui nous plaît, comment peut-on en parler d'une manière absolue ? Bien plus, s'agissant d'un art qualifié de sacré ou de profane, est-il concevable de faire cette distinction sans être soi-même engagé dans la foi ? Avons-nous, en matière d'authenticité religieuse ou de beauté, affaire à des notions changeantes selon les cultures dans leurs dimensions à la fois sociale, historique et individuelle, ou peut-on reconnaître une certaine permanence à nos jugements, une certaine universalité à nos goûts ? Autant de questions difficiles, longuement débattues, auxquelles je n'entends pas donner de réponse ici, sans renoncer pourtant à proposer quelques distinctions qui me paraissent utiles.
La coopération internationale traverse une crise, à l'instar de celle de l'ensemble de la société : celle du moins d'Etat. Sous prétexte d'amélioration de fonctionnement et de rentabilité, les gouvernements occidentaux, suisse compris, se délestent du secteur de la solidarité internationale pour le confier aux privés. Avec des résultats inverses aux buts affichés : professionnalisme en moins, «oubli» des plus nécessiteux.