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Redaction

mardi, 30 septembre 2014 10:39

Revue choisir n° 658

2014-10 Revue choisir n° 658
OCTOBRE 2014

La décision du Ministère de l'Intérieur israélien d'encourager l'ajout du qualificatif « araméen » au mot « chrétien », pour remplacer le qualificatif « arabe » qui figure sur les cartes d'identité des chrétiens palestiniens en Israël est dénoncé comme une « tentative de séparer les chrétiens palestiniens des autres palestiniens » par le Conseil des évêques catholiques de Terre Sainte, dans un document publié par la Commission Justice et Paix de ce même Conseil.
Selon ce qu'indique la presse israélienne, le 16 septembre dernier, le Ministre de l'Intérieur israélien a signé une mesure visant à reconnaître l'identité araméenne comme identité nationale distincte venant s'ajouter au registre des nationalités présentes dans le pays. La décision a été prise explicitement afin de permettre à 200 familles chrétiennes de s'identifier comme appartenant à l'antique nationalité et pouvoir ainsi s'enregistrer comme araméens plutôt que comme arabes sur leurs documents d'identité.
La Commission Justice et Paix de Terre Sainte voit cette mesure comme une opération artificielle et politiquement orientée. « La langue araméenne- peut-on lire dans le document parvenu à l'agence Fides – a été la langue des juifs pendant des siècles. Ce fut le cas jusqu'au retour de la langue hébraïque, à la fin du XIXe siècle seulement. Les arabes, dans les pays du Levant, ont parlé à travers l'histoire et les siècles, l'araméen, le grec et l'arabe jusqu'à ce que l'arabe se stabilise. Aujourd'hui en Israël, nous sommes palestiniens arabes. Si cette tentative de séparer les chrétiens palestiniens des autres palestiniens consiste à vouloir défendre les chrétiens ou les protéger, selon ce que prétendent certaines autorités israéliennes, nous déclarons : rendez-nous d'abord nos maisons, nos terrains et nos villages, que vous nous avez confisqué. Deuxièmement : la meilleure protection pour nous sera de nous laisser avec notre peuple. Troisièmement : la meilleure protection pour nous sera que vous entriez sérieusement sur le chemin de la paix. »
La prise de position épiscopale contient également un appel « aux quelques chrétiens palestiniens en Israël qui soutiennent cette idée » et sont prêts à revendiquer une identité nationale araméenne pour abandonner leur arabité et pouvoir ainsi se voir garantir l'accès au service militaire dans l'armée israélienne : « Il n'est pas possible – peut-on lire dans le document – que vous fassiez du mal à votre peuple pour satisfaire vos intérêts personnels du moment. Dans votre attitude, vous ne faites du bien ni à vous-mêmes ni à Israël. Israël a besoin du chrétien à qui le Christ a dit : Bienheureux les artisans de paix, et non pas bienheureux à celui qui se défigure et défigure son identité. » (fides/réd.)

Sur la question des chrétiens en Israël, vous pouvez encore lire l'article de Maurice Page, dans le numéro de choisir de juin 2014.

 

« Voici quelques temps, un évêque libanais a tenté de faire une quête pour aider les réfugiés syriens. Et bien, il n'est pas parvenu à recueillir ne serait-ce qu'un euro. Les gens disaient : ça suffit, nous ne voulons plus les aider. Pour nombre de personnes, les aides aux réfugiés syriens sont devenues un motif d'accusation et de reproches, y compris en ce qui concerne l'action de la Caritas » : c'est ce qu'a déclaré à l'agence Fides le Père Paul Karam, président de Caritas Liban.
Le prêtre maronite décrit ainsi la disparition progressive du sens de charité et de solidarité humaine chez les libanais envers les réfugiés syriens provoquée notamment par la reprise des affrontements dans la vallée de la Bekaa entre militants de l'opposition syrienne et forces de l'armée nationale. « Parmi la population, nombre sont ceux qui répètent : nous les avons accueillis et eux nous ont trahis. La police est entrée dans leurs camps et a découvert des armes. Maintenant, nous ne voulons plus aider les Syriens. »
Le soutien humanitaire au profit des réfugiés syriens au Liban risque de devenir la énième victime collatérale de conflits et d'événements qui répandent la crainte parmi la population libanaise. En arrière-plan, se trouve la menace d'un Liban contaminé par le conflit syrien et la crainte que le pays ne devienne, lui aussi, terre de conquête pour les groupes djihadistes tels que l'« Etat islamique » ou le Front al-Nusra. La frontière entre la Syrie et le Liban a été plusieurs fois violée par des groupes djihadistes dans le cadre d'incursions, al-Nusra menaçant désormais d'exécuter neuf agents de police et militaires libanais tenus en otages en tant que rétorsion contre l'engagement présumé des milices chiites libanaises du Hezbollah aux côtés des forces régulières syriennes.
Le Père Karam, qui vient de participer au sommet relatif aux urgences du Moyen-Orient organisé par Caritas Internationalis à Rome, attire l'attention sur les contradictions et les ambiguïtés qui caractérisent l'attitude de la communauté internationale et en particulier de certaines puissances occidentales face aux développements de la situation. « Quelqu'un poursuit le dessein de redessiner le Moyen-Orient en suscitant la formation de micro Etats sur base ethnique et religieuse. Maintenant, ils font la guerre au califat islamique mais, au sein de la coalition qu'ils prétendent avoir construit contre les djihadistes, se trouvent ceux-là même qui les ont financé et leur ont fourni des armes et du soutien logistique pendant des années ». Selon le Père Karam, une certaine manière d'affronter les souffrances des chrétiens et des autres minorités fait également partie des plans visant à bouleverser le cadre régional actuel. « Le nouveau Moyen-Orient dessiné par ces stratèges du chaos – relève le Président de Caritas Liban – est une région morcelée et toujours noyée sous les conflits ethniques et religieux, où il n'y a pas de place pour les chrétiens. Le fait que les Etats-Unis et d'autres nations occidentales se hâtent d'accorder des visas et des permis d'asile aux chrétiens au travers de procédures préférentielles laisse à penser. Nous ne l'acceptons pas. Nous ne nous ferons jamais traiter comme des hôtes sur une terre qui est aussi la nôtre. »

Le Vatican a publié mardi 9 septembre la liste complète des participants au Synode des évêques sur la famille, qui aura lieu à Rome du 5 au 19 octobre 2014. Ils seront au total 253. La majorité est composée des présidents des conférences épiscopales nationales. Le Vatican a en outre invité une soixantaine d'experts et auditeurs, dont quatorze couples mariés. (Le précédent Synode sur la famille, de 1980, en avait déjà invité, mais pas dans la même proportion.)
S'ajoute à ces participants 26 personnalités invitées par le pape lui-même. En tant que président de l'assemblée, François, en effet, a le droit d'augmenter le nombre des membres du Synode, en y adjoignant lui-même d'autres évêques, religieux ou ecclésiastiques experts. On trouve parmi eux le cardinal Walter Kasper. Lors de son discours d'introduction du Consistoire extraordinaire des cardinaux sur la famille, celui-ci s'est prononcé en faveur de décisions pastorales autour du mariage religieux qui intègreraient à la fois tradition et innovation et a proposé un chemin de pénitence en vue de l'accès aux sacrements des couples divorcés civilement remariés. (François-Xavier Amehdt développe cette pensée dans un article publié en septembre dans la revue choisir.)
Parmi les invités du pape, on trouve encore deux jésuites : François-Xavier Dumortier, recteur de la Grégorienne (université pontificale romaine), et Antonio Spadaro, directeur de la revue culturelle Civilita cattolica.

p31GallagherLa sympathie que la hiérarchie écossaise a manifestée par le passé pour la position nationaliste a fait place à une position de neutralité. Au vu de l'importance exceptionnelle du référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, les évêques écossais ont publié néanmoins un message exhortant les fidèles à s'engager dans la vie publique, et donc à se rendre aux urnes le 18 septembre.
La plupart des votants paraissent préoccupés par la question de savoir s'ils seront plus riches ou plus pauvres si le référendum pour une Ecosse indépendante était approuvé le 18 septembre prochain. D'autres, en revanche, désespérant de voir la justice sociale progresser, considèrent l'indépendance comme un moyen de la réaliser. Les citoyens catholiques peuvent, pour leur part, s'interroger à partir des principes défendus par la doctrine sociale de l'Eglise. Certes celle-ci n'apporte pas de réponse toute faite, du genre oui ou non à l'indépendance ! Mais elle propose pour repères deux thèmes pertinents : la solidarité sociale et le principe de subsidiarité. Ce dernier soutient que les décisions doivent être prises à un niveau le plus proche possible des personnes concernées : la famille, la collectivité locale ou la région. Pour Jim Gallagher, professeur à la Faculté de droit de l'Université de Glasgow, la subsidiarité est déjà au cœur du cadre institutionnel qui unit le Royaume-Uni et l'Ecosse et elle permet aux Ecossais d'allier à la fois le principe de solidarité à la force d'un Parlement national. Il développe cette idée dans la dernière édition de « choisir » qui vient de paraître.

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