L’incarnation du Verbe dit le plein engagement de notre dimension corporelle dans la relation à Dieu. La «contemplation de l’incarnation» des Exercices spirituels est l’occasion de demander «une connaissance intérieure du Seigneur qui pour moi s’est fait homme, afin que je l’aime et le suive davantage.»[1] La spiritualité ignatienne invite au dialogue avec le Père créateur par la louange, tandis que les sens se tiennent dans l’intimité de la relation au Fils médiateur et que le corps s’engage au service de l’amour trinitaire dans les contingences de la vie.
Noël Couchouron est de passage en Bolivie, où il travaille sur l’usage de la médiation musicale dans le partage de la foi des missionnaires jésuites avec les Indiens Moxos. Il est musicien et spécialiste de l’anthropologie de Marcel Jousse sj. (Cf. Récitatifs bibliques)
Initiateur d’une anthropologie du geste, le jésuite Marcel Jousse (1886-1961) fut avant tout un ouvrier de la transmission de la Parole. On a souvent cantonné son oeuvre à la simple redécouverte de l’oralité. Mais la spécificité de ses recherches
anthropologiques tient dans la démonstration que l’oralité implique l’homme dans toutes les dimensions de son être : la voix bien sûr, mais davantage encore la mémoire, le coeur et son intelligence vive.