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mercredi, 14 février 2018 09:16

La transition intérieure

HopkinsRob Hopkins. Action de Carême/Pain pour le prochainEnseignant en permaculture en Angleterre et fondateur en 2006 du mouvement des Villes en transition, Rob Hopkins reconnaît que l’approche de la «transition intérieure» fait partie intégrante de son mouvement depuis le début. Il est interrogé pour la Campagne œcuménique de Carême 2018 à propos de sa vision du changement.

«Certains défis, comme l’injustice économique et le changement climatique, nous semblent énormes. Pourtant, si nous travaillons au niveau local, nous pouvons changer les choses plus rapidement. Beaucoup de problèmes sont dus au manque de liens entre les gens. En Grande- Bretagne on parle même “d’épidémie de solitude”. En tant que personnes et communautés, nous pouvons être plus efficaces que les systèmes économiques ou les gouvernements.»

Un changement de paradigme, doit-il passer par une «transition intérieure» permettant une évolution et une transformation de l’être humain?

«Absolument! Pour durer sur le long terme, un mouvement doit croître et s’approfondir. Le mouvement international de protestation sociale Occupy, initié en 2011, a grandi, mais il ne s’est pas approfondi et il est mort. Dès le début, la transition a mis en avant le concept de “transition intérieure”. Dans la transition, l’être est aussi important que le faire. Les gens viennent à notre formation en pensant qu’en deux jours ils vont apprendre à lancer une monnaie locale. Au lieu de cela, on les forme à organiser une réunion, gérer les conflits, prendre des décisions, se soutenir mutuellement. Dans le réseau, nous nous réunissons en tant que personnes qui s’intéressent les unes aux autres. C’est l’un des éléments les plus importants de la transition, qui la distingue des autres campagnes et organisations.»

Pour que la transition réussisse, faut-il écrire une nouvelle histoire?

«La nouvelle histoire, c’est la connexion, et elle est en train d’être écrite par beaucoup de monde. Ce n’est pas à moi de dire ce qu’elle devrait être. Je visite beaucoup d’endroits qui font de la transition et je vois cette nouvelle histoire émerger grâce au travail, aux rêves, à l’amour du lieu où l’on est, à la créativité et à l’imagination de beaucoup de gens. Elle reconnaît que nous avons une place dans la nature et qu’il faut diminuer un peu nos égos, apprendre à être plus humble et à faire partie du grand réseau. La transition invite à s’autoorganiser; elle repose sur une éthique de la confiance. Ce n’est pas une franchise de Coca-Cola. Lorsque vous faites confiance, c’est toujours délicieux et surprenant et cela invite les gens à jouer. En tant qu’adultes, nous n’avons plus le droit de jouer.»

Cette interview est tirée de Perspectives,  n° 1/2018, une publication d’Action de Carême et Pain pour le prochain.


Quelques initiatives parmi les nombreuses qui fleurissent en Suisse

Bienne: à Bienne, les mouvements qui promeuvent un changement social ont une longue tradition. Un événement autour de la transition aura lieu le 6 mars à l’occasion de la campagne œcuménique 2018. Informations www.vision2035.ch.

Genève: inspirée par le film Demain réalisé en 2015, l’association Demain Genève se mobilise pour la transition écologique et humaine. Son objectif? Inspirer, rendre visibles les initiatives durables locales et construire un meilleur avenir pour les générations futures.

Meyrin: l’Association Meyrin durable encourage et soutient la mise en place de projets participatifs à caractère social, environnemental, énergétique et économique, par et pour les Meyrinois. Parmi les réalisations, le soutien aux actions de lancement de la monnaie locale "Le Léman" à Meyrin.

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