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mercredi, 02 avril 2014 11:04

Restaurer au lieu de punir

Zehr 43903Howard Zehr, La justice restaurative, pour sortir des impasses de la logique punitive, Genève, Labor et Fides 2012, 98 p.

« Ce petit livre de vulgarisation, éminemment pédagogique, clair et concis », comme le décrit dans la préface Robert Cario, professeur de sciences criminelles à l'Université de Pau, constitue un ouvrage précieux et complet pour toute personne qui souhaiterait s'imprégner ou mieux connaître la justice restaurative (Restorative Justice en anglais).
Cette nouvelle philosophie de la justice pénale, élaborée par Zehr dès la fin des années 1980, se présente comme une véritable alternative à la justice pénale traditionnelle, dont les principes constitutifs sont, on le rappelle : la règle im­po­sée par la loi, la culpabilité de l'auteur et la sanction.
Dans la première partie de son livre - qui reprend en les simplifiant les grands thèmes de son ouvrage de base Changing lenses : a new focus for crime and justice (1990) -, l'auteur s'arrête d'abord sur les rôles des acteurs du concept de justice restaurative, soit les victimes, les infracteurs et la communauté. Puis Zehr énonce les principes de cette philosophie en partant des trois piliers qui la soutiennent et qui sont intimement liés aux acteurs précités : les torts et les besoins, les obligations et la participation.
Dans ce contexte, le crime est avant tout une violation de liens interpersonnels, à l'opposé de la conception rétributive qui voit dans l'infraction une atteinte aux valeurs et aux principes définis et défendus par l'Etat. Dès le moment où le processus réunit victimes et infracteurs dans un dialogue participatif et coopératif, il devient possible de déterminer les torts et les be­soins, et donc les responsabilités récipro­ques. En les faisant participer acti­vement à la recherche de solutions pour leur con­flit, le processus va permettre de trouver une juste réparation des torts subis et une guérison pour la victime, ainsi qu'une responsabilisation et une prise de conscience chez l'infracteur.
En définitive, la justice restaurative fait l'hypothèse que le lien social se maintient non plus par la garantie de l'ordre par l'Etat, mais en impliquant toute la société dans la recherche de la restauration d'un équilibre. La paix sociale peut se garantir si elle intègre tous les membres de la communauté.
On ne peut que recommander le développement d'une telle philosophie et souhaiter son adhésion par le plus grand nombre, au cœur d'une société qui, à l'aube du XXIe siècle, se veut de plus en plus citoyenne.
Gérard Demierre
Médiateur pénal pour mineurs
à Fribourg

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