mardi, 23 mars 2021 08:58

Inédites itinérances

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© pxhere/Creative Commons CC0Voilà un an que nous vivons avec la Covid-19. Parmi les conséquences les plus difficiles à vivre régulièrement mentionnées, figure la limitation des dé­placements. Si l’environnement s’en sort gagnant (moins de 40% d’émissions de CO2 liées au transport au premier semestre 2020 selon le Global Carbon Project), ce n’est pas le cas des Européens, chez qui les cas d’anxiété et de déprime augmentent de manière appuyée. Le frein aux voyages, évidemment, n’est qu’un des éléments déclencheurs du malaise.

Champagne problem, serions-nous ten­tés de dire. Ce serait oublier que le désir de voyage rejoint un besoin fondamental de «mise en mouvement», tant extérieur qu’intérieur. Nicolas Bouvier l’exprimait mieux que personne: pour certains, sortir des sentiers connus pour se confronter à un nouvel univers, à l’autre inconnu, équivaut à respirer. Aussi la réflexion développée dans ce numéro, en partenariat avec le Festival Histoire et Cité, insiste-t-elle sur un élément constitutif à tout déplacement: la rencontre avec soi-même et avec les autres.

Pour ce qui est des autres, les motivations ne sont pas toujours exemptes de calculs, parfois même politiques comme le montrèrent en leur temps les visites diplomatiques dans les colonies anglaises ou les invitations au voyage en URSS supervisées par les gouvernements successifs. Les circuits à l’étranger du pape François obéissent eux-mêmes à une logique précise.

Qu’en est-il de nos propres objectifs? En sabotant le tou­risme de masse, la pandémie nous invite à revoir nos priorités, à réfléchir aux modalités pratiques de nos déplacements, mais surtout au sens que nous donnons à ce mot. Certains se hasardent sur des circuits plus écologiques. D’autres expérimentent de nouvelles formes de créativité ou de méditation ou se lancent dans un pèlerinage, à la recherche d’eux-mêmes et de la Transcendance. Les crises, pour difficiles qu’elles soient, sont de formidables ferments d’inventivité.

Il y a 500 ans, Ignace de Loyola, fondateur de l’Ordre des jésuites, vécut une blessure majeure, tant physique qu’intérieure, qui l'amena à se mettre en marche. Les fameux Exercices spirituels qu’il a écrits par la suite se sont révélés être un guide de cheminement éprouvé, pour partir à la rencontre de soi-même, du monde et du Christ. Les compagnons jésuites de son époque, puis ceux qui vinrent ensuite, firent de la mission, du «déplacement», une vocation majeure, dût-elle les porter à l’autre bout du monde ou dans des contrées hostiles. À l’occasion de cette année jubilaire pour la Compagnie de Jésus, choisir relate certains de leurs voya­ges et le sens qu’ils y mettaient.

Un numéro à découvrir ici.

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