Quel bilan tirer de la 26e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP26)? De la déception! Notamment à l'égard de la Suisse. Selon un rapport qui calcule les engagements climatique des différents pays (Climate Action Tracker), notre planète se dirige vers un réchauffement planétaire de 2,4°C, un scénario catastrophe pour des centaines de millions de personnes vivant sur des îles, le long des côtes ou dans les zones arides. Chaque dixième de degré compte, chaque dixième de degré élève le niveau de la mer, augmente les inondations, la force des ouragans et la fréquence des sècheresses et des canicules. Chaque dixième de degré augmente les souffrances de millions d’habitants de cette planète et cause des milliers de décès supplémentaires, maintenant et plus encore pour les générations futures…
«Prendre ses responsabilités - renforcer la justice»[1] : c’est sous ce titre qu’a été lancée la Campagne œcuménique de carême 2016 des œuvres d’entraide suisses[2], axée sur les violations des droits humains et les atteintes à l’environnement liées au commerce mondial. Action phare en Suisse, l’initiative «Pour des multinationales responsables»[3].
Conditions de travail déplorables dans des usines textiles en Asie, travail des enfants dans la production de cacao en Afrique de l’Ouest, pollution de l’eau en République démocratique du Congo : dans de nombreux pays, des sociétés suisses sont impliquées dans des cas de violation des droits humains ou de pollution massive de l’environnement.
Bien que ces affaires fassent régulièrement les gros titres, le gouvernement et le parlement suisses ont, jusqu’à présent, refusé d’agir : ils préfèrent demander aux entreprises d’assumer de manière « volontaire » leur responsabilité sociale et environnementale. Pourtant la Suisse a un rôle important à jouer, car elle abrite de nombreuses multinationales. Le Conseil fédéral l’a d’ailleurs reconnu : le secteur des matières premières (les négociants et les entreprises minières qui ont leur siège dans notre pays), en plein essor en Suisse, présente un « risque de réputation » pour notre pays, qui compte désormais parmi les plus grandes places de négoce au niveau mondial.
Cultiver des aliments pour les réservoirs de voitures au lieu de les mettre dans les assiettes ne fait pas sens. C’est pourtant exactement ce que font nombre d’investisseurs en Afrique. En Sierra Leone, la société Addax Bioenergy, basée à Genève, a accaparé
pour ce faire 57 000 hectares de terres.
La Suisse soutient financièrement plusieurs banques internationales de développement. Celles-ci favorisent de vastes projets agricoles, nécessitant de grandes surfaces de terre. Or une récente étude de Pain pour le prochain et d’Action de Carême montre que
ces projets nuisent à la population. Aussi les oeuvres d’entraide suisses axent-elles leur Campagne oecuménique de Carême 2013 sur cette problématique.