banner societe 2016
lundi, 27 septembre 2021 15:40

Une «Initiative pour les glaciers», mais pas seulement

InitiativeClimat suisse2021 mountain 3502000 1920La fonte des glaciers n’est plus un secret pour personne. Visible à l'œil nu, elle nous montre l’impact de la vie humaine sur terre. Un impact irréversible! «La fonte des glaciers n’est qu'une des nombreuses conséquences du changement climatique à travers le monde, mais lorsqu’on l’observe en Suisse, elle nous touche de par notre attachement à un tel paysage», relève Myriam Roth, instigatrice de l'initiative pour les glaciers et coprésidente de l'Association suisse pour la protection du climat. Elle nous dépeint la situation et retrace l'historique de l'initiative.

L'accord de Paris sur le climat a été ratifié par la Suisse, ainsi que par plus de 190 pays dans le monde. La Suisse s'est ainsi engagée à apporter une contribution équitable pour limiter le réchauffement à moins de 2 degrés, voir à 1,5 degré si possible. Mais la Suisse n’était alors et n’est toujours pas sur un réel “cap pour le climat”. Durant l'été caniculaire de 2018, plus de 80 personnes ont fondé l'Association suisse pour la protection du climat, l'association porteuse de l'initiative pour les glaciers. Il aura fallu un peu moins de 5 mois pour récolter les signatures nécessaires à son aboutissement. En novembre 2019, l'initiative pour les glaciers a pu être déposée à la chancellerie fédérale.

Seulement voilà, le temps presse et les choses se passent pourtant très lentement. Il est temps que la Suisse relève le défi climatique.

Les exigences de l’initiative pour les glaciers

L'initiative pour les glaciers veut ancrer les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat dans la Constitution. Ses exigences sont simples, claires et équitables: elle souhaite que les émissions nettes de gaz à effet de serre soient nulles d'ici 2050 au plus tard, que les combustibles fossiles soient éliminés progressivement et que les émissions de gaz à effet de serre soient au moins réduites de façon linéaire d'ici l'année cible. Des objectifs intermédiaires seraient définis pour respecter le budget de CO2 disponible.

Ces mesures permettraient de mettre fin à notre dépendance énergétique vis-à-vis des États pétroliers et gaziers. Les 8 à 11 milliards de francs suisses que nous dépensons aujourd'hui pour les importations de pétrole et de gaz naturel créeront à l'avenir de la valeur ajoutée et des emplois dans le secteur de l'énergie et des technologies en Suisse.

La crise climatique menace nos moyens de subsistance.

En tant que pays alpin, la Suisse se réchauffe deux fois plus que la moyenne mondiale.

Les conséquences sont des phénomènes météorologiques extrêmes, des glissements de terrain dus au dégel des sols ou des pénuries d'eau. Et cela ne se passe pas quelque part dans le monde, mais ici, en Suisse, comme on l’a vu cet été. L'élimination progressive des combustibles fossiles, tels que le pétrole, le gaz naturel et le charbon, est plus urgente que jamais pour protéger la Suisse, ce pays alpin.

La protection du climat est l'investissement le plus important et le plus judicieux pour les générations futures, ce qui devrait nous inciter à nous rapprocher et nous amener à oublier les intérêts individuels. Avec ses exigences, l'initiative pour les glaciers fournit des conditions cadres claires et contraignantes sur lesquelles la politique, la société, l'économie, la recherche et la science peuvent s'orienter. Le chemin de réduction, au moins linéaire, des émissions de gaz à effet de serre envisagé permettrait de fixer des objectifs intermédiaires, ce qui signifie une sécurité de planification pour tou·te·s.

Le contre-projet du Conseil fédéral

Einreichung der Gletscherinitiative am Mittwoch (27.11.2019) in Bern. Foto: Flurin Bertschinger.

L’initiative pour les glaciers suit son chemin politique. Début août 2021, le message du Conseil fédéral a été publié. Les initiant·e·s regrettent que les sept sages aient rejeté l'initiative en lui opposant un contre-projet. D’autant plus qu’en parallèle de ce message est sorti le dernier rapport du GIEC -une alarme scientifique de plus en lien avec le changement climatique- qui montre que l’initiative pour les glaciers n'est qu'un minimum à atteindre.

Le contre-projet contient une différence importante par rapport à l’initiative: il affaiblit la notion d'élimination progressive des énergies fossiles.

Dans le contre-projet, la consommation d'énergies fossiles ne doit être réduite que dans la mesure où elle est économiquement viable. Encore une fois, le temps presse, une sortie conséquente des énergies fossiles est essentielle pour faire avancer la protection du climat.

La balle est maintenant dans le camp du Parlement. La Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie devrait discuter de la question pour la première fois en ce mois d'octobre, voire en novembre 2021. À ce stade, cependant, il est très difficile de savoir quelles sont les options que les parlementaires vont élaborer et examiner. Le processus parlementaire peut prendre environ deux ans. Espérons que cela soit plus rapide. Parce que la crise climatique est l'un des plus grands défis de notre époque.

La population suisse exige plus de protection du climat

DCIM\100GOPRO\GOPR0020.JPG

L'initiative pour les glaciers n'est pas une simple initiative populaire, mais un vaste mouvement en faveur d'une plus grande protection du climat en Suisse. Le comité d'initiative est composé de représentant·e·s de la société civile, des milieux politique, de la science, de l'économie et de d'autres citoyen·ne·s engagé·e·s. Depuis sa création, l'Association suisse pour la protection du climat a reçu un énorme soutien, ce qui lui permet d'agir indépendamment des partis politiques et dans l'intérêt des partisan·ne·s de l'initiative.

De nombreux·se·s citoyen·ne·s s'accordent à dire qu'il faut faire quelque chose pour protéger le climat. C'est ce qu'ont montré la 10e édition du baromètre des client·e·s des énergies renouvelables de l'Université de Saint-Gall ainsi que l'enquête de suivi de la votation sur la loi sur le CO2 (analyse Vox). Quelque 68% de toutes celles et ceux qui ont voté souhaitent que des mesures plus décisives soient prises dès maintenant contre le changement climatique. Même si les avis sont très partagés sur les mesures politiques et sociales nécessaires pour y parvenir, la population suisse désire un changement, pas un changement climatique. L'initiative pour les glaciers définit une voie claire et cohérente pour y parvenir.


 À lire encore:

Groenland, chouette il fait chaud!, du journaliste reporter Hubert Prolongeau
Focus sur des impacts de la crise climatique, du journaliste Samuel Turpin

Lu 1177 fois