Si tout le monde s’entend pour déclarer leur dangerosité, les critères de leur définition, par contre, ne trouvent pas de consensus. C’est que de cette définition découlera une réglementation plus ou moins sévère et le possible bannissement de ces molécules du Marché commun.
Les retombées économiques d’une telle réglementation ne seront donc pas anodines, ce qui explique ces tergiversations.
L’Allemagne, qui possède une importante industrie chimique (avec notamment Bayer), défend une vue plus restrictive qui ne prendrait en compte que les cas de perturbateurs avérés et prouvés. La France, par contre, exige un texte plus protecteur pour la santé et l’environnement. Quant à la communauté scientifique, elle s’offusque d’un «niveau de preuve» jugé bien trop élevé.
Pour François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures, interrogé par Libération (30 mai 2017), le non-accord des Etats membres est une bonne chose. «Il subsistait une dérogation inacceptable, introduite en décembre à la demande des Allemands, semble-t-il. Celle-ci prévoit d’exempter d’interdiction les pesticides conçus pour agir sur le système endocrinien de certaines espèces d’insectes, même s’ils ont des effets collatéraux sur d’autres espèces non-cibles. Un non-sens complet!» «Les pays de l’Europe de l’Est, ainsi que l’Espagne, craignent que sans pesticides, les agriculteurs ne s’en sortent pas», a exposé de son côté Hans Muilerman, coordinateur des campagnes relatives aux produits chimiques de l’ONG bruxelloise Pesticide Action Network Europe (PAN) (in La Croix, 30 mai 2017).
Pour en savoir plus sur les perturbateurs endocriniens, lire les points de vue de Sandra Baer, directrice du Pan Suisse, Danger, pesticides!, et du biochimiste Gabriel Bittar, Menaces d’extinction, parus dans choisir en février 2014.