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mercredi, 07 août 2019 11:16

El Paso, les citoyens récusent Trump

Février 2019, pont frontière entre El Paso et le Mexique. © Michael GallagherFévrier 2019, pont frontière entre El Paso et le Mexique. © Michael Gallagher

Le président Trump doit se rendre à Et Paso aujourd’hui 7 août. Il n'y sera pas bien accueilli. La tuerie a profondément choqué les habitants de la ville, peu habitués à la violence locale. Ils incriminent la politique migratoire de Trump. «À El Paso, il ne fait guère de doute que le discours scandaleux de peur et d’invasion véhiculé par M. Trump a nourri la motivation du jeune assassin», commente le jésuite texan Michael S. Gallagher, ancien responsable à Genève du Bureau international du Service jésuite des réfugiés, qui vit aujourd'hui à El Paso.

L’assassinat de vingt-deux personnes ce week-end au Walmart Store, dans la partie est d’El Paso, a profondément choqué les habitants de la ville. Nous ne sommes pas habitués à la violence ici. Le tueur serait venu à El Paso pour mettre un terme à l'invasion hispanique des États-Unis. Les victimes étaient âgées de 15 à 90 ans. Treize d'entre elles étaient de nationalité américaine, sept mexicaine, une allemande et une de nationalité inconnue. Dix-huit victimes étaient d'origine hispanique. Cela me paraît évident: la politique du président Trump n'apportera pas la sécurité à notre ville, bien au contraire!

El Paso est une porte d’entrée très fréquentée aux États-Unis. Selon un article paru en avril dans le Los Angeles Times, 81’168 personnes par jour ont pénétré aux États-Unis en 2018, à pied, en voiture, en bus, en camion ou en avion. Et plus de 29 millions d’entre elles l'ont fait via El Paso. La grande majorité des arrivants sont des citoyens mexicains ou des résidents qui travaillent aux États-Unis. Ces personnes rentrent chez elles, à Ciudad Juarez, toutes les nuits. La paroisse jésuite dans laquelle je vis se trouve à 400 mètres d’un pont international. Il me faut dix minutes pour me rendre au Mexique, et je le fais moi-même régulièrement.

Je le répète: à El Paso, nous ne sommes pas habitués à la violence locale et nous avons été d'autant plus perturbés par ces tueries. Comme le montre le tableau ci-dessous, notre ville, 22e plus importante des États-Unis, compte chaque année beaucoup moins d’homicides que Boston, 21e ville, Detroit, 23e ou Nashville, 24e ville.

Homicides annuels El Paso par rapport à des villes américaines de taille similaire

Année El Paso TX Boston MA Détroit MI Nashville, TN
2018 23 56 261 85
2017 20 49 267 111
2016 16  47 303 83
2015  17  50  295  75
2014  21  51 298  41
TOTAL  97  253  1424  396

Je présente ces données car elles contredisent les affirmations irresponsables de l’actuelle administration américaine. Le mur-frontière ne rendra pas notre ville plus sûre, et pour commencer, nous étions et sommes déjà sûrs. Le mur-frontière n'empêchera pas une invasion du Sud, car il n'y a pas d'invasion de ce genre. Chaque jour, près de 100’000 personnes vont et viennent à travers la frontière, sans problème.

À El Paso, il ne fait guère de doute que le discours scandaleux de peur et d’invasion véhiculé par M. Trump a nourri la motivation du jeune assassin. Nous avons appris que le président a l'intention de venir en ville ce 7 août. Les titres du journal espagnol El Paso du 6 août résument la réaction locale: «Repudian paseños visita de Trump», ce que je traduirais par Les citoyens refusent la visite de Trump.

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