On attendait - ou on redoutait - du Synode des permissions et des interdits. Tels les incontournables indicateurs du renouveau ou de la stagnation de l’Eglise catholique, la contraception, les relations entre homosexuels ou la communion des divorcés remariés ont occupé presque tout l’horizon de la presse. Or, rien de cela dans les 72 pages du rapport final que les évêques ont remis au pape François, auquel appartient l’ultime décision. Pas de permissions, pas d’interdictions, mais beaucoup plus : une grande nouveauté dans la manière de gouverner et d’enseigner dans l’Eglise.
Les fidèles attendent une réforme des institutions de l’Eglise. Le nouveau style du pape François, en effet, a fait naître de grands espoirs. Nombreux cependant sont celles et ceux qui se demandent s’il aura le temps de la mener à terme. Mais à trop se focaliser sur les structures, on en vient à perdre de vue les avancées réelles du renouveau qui pointent un peu partout dans le tissu de l’Eglise catholique. Les institutions sont nécessaires, mais elles ne précèdent pas la vie ; elles la suivent pour reconnaître et codifier ce qui existe déjà. Prétendre redonner vie à coups de lois et de décrets est une entreprise vouée à l’échec, qui finit tôt ou tard par se bureaucratiser, se corrompre et succomber.[1] Autant mettre la charrue devant les bœufs ! Les exhortations répétées du pape François nous invitent à mettre immédiatement en pratique un nouveau style de vie, sans attendre l’instauration de nouvelles structures. Même si une série d’organismes, et non des moindres,[2] ont déjà fait l’objet d’une réforme. En d’autres termes : la réforme de l’Eglise commence par la vie concrète, et elle est l’affaire des fidèles avant d’être celle des commissions et des experts. Qui a suivi avec un brin d’attention le voyage de François en Amérique latine n’aura pas de peine à s’en convaincre.
L’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo a mobilisé les foules et aiguisé les appétits politiques. Se serrant les coudes, toutes divergences abolies le temps d’une impressionnante manifestation, ce beau monde faisait montre de courage en proclamant haut et fort : « Nous sommes Charlie ». Aussi ambiguë qu’émouvante, la réprobation a paru universelle ou tant s’en est fallu. A en croire les déclarations de circonstance, plus que le triste sort des caricaturistes assassinés, c’est surtout la menace contre la liberté d’expression qui a rassemblé, en une même proclamation de foi, des groupes si différents (jusqu’aux marchands d’armes et aux praticiens de la censure qui n’ont pas manqué de se précipiter au premier rang). Les victimes devenaient le symbole d’un droit fondamental de la personne qui ne saurait être mis en péril par le fanatisme.
Depuis son élection, le pape François s’adresse régulièrement aux prêtres. Un consistoire de cardinaux, une rencontre avec des séminaristes, une célébration liturgique du Jeudi Saint, une exhortation apostolique… à chaque fois le pape évoque à coups de formules bien frappées le portrait du prêtre dont le monde a besoin. Cette insistance laisse entendre qu’il s’agit bien d’une part importante de la réforme que tous attendent du pape argentin.
Il y a quelques mois, la chronique publiée mensuellement dans choisir[1] a suscité quelques réactions étonnées. Recensant un livre lu et débattu par un très large public, hasardant sa propre opinion, le chroniqueur a semblé remettre en cause les fondements même de la foi chrétienne. Parce qu'il s'est risqué à soumettre à l'examen d'une mentalité moderne résolument rationaliste une série d'images et de mythes[2] utilisés par le Nouveau Testament, des lecteurs en ont conclu qu'il sapait les fondements de la foi. L'enjeu mérite explication !