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lundi, 06 décembre 2010 07:00

Les portes de la Chine

Fontana 42827Michela Fontana, Matteo Ricci 1552-1610. Un jésuite à la cour des Ming, Salvator, Paris 2010, 450 p.

Bibliographie exhaustive du Père jésuite Matteo Ricci,[1] missionnaire en Chine au XVIe siècle, l'ouvrage de Michela Fontana retrace, documents à l'appui, la vie trépidante de cet homme de grande culture, pionnier dans la rencontre des civilisations européenne et chinoise.[2]

Premier européen à vivre durablement dans l'Empire du Milieu, Matteo Ricci fut à la fois un religieux soucieux de transmettre la foi chrétienne et un érudit hors pair : mathématiques, astronomie et géographie n'avaient pas de secrets pour lui. Le texte que nous propose M. Fontana, historienne des sciences et journaliste, est une véritable encyclopédie sur la vie du Père jésuite.

Illustré de seize pages en couleurs, ce livre nous fait découvrir l'itinéraire d'un Occidental vivant en Orient. Ordonné prêtre en 1580 à Goa, dans la Principauté de Cochin, en Inde, Ricci s'est fait rapidement une place auprès des lettrés de Chine, utilisant la doctrine confucéenne pour réfuter le taoïsme et le bouddhisme. L'apprentissage de la langue chinoise n'a pas été la moindre des difficultés de ce prêtre soucieux de transmettre l'Evangile. Mais, grâce à sa ténacité et après de nombreuses péripéties, Ricci s'est inséré dans le milieu de la société des Ming en tant qu'homme de grand savoir. Suspect au début, il est vite devenu celui que l'on consulte dans tous les domaines du savoir. Mais si le théologien scientifique fut reçu à la cour, il n'en alla pas de même pour ses successeurs jésuites, dont la congrégation fut supprimée en 1773.

L'ouvrage mérite lecture. Il fait vivre un épisode de la Chine qui va bien au-delà des préjugés actuels à l'égard de ce pays. Ricci a découvert sa richesse intellectuelle, en particulier dans le domaine des mathématiques. De son côté, il a apporté à l'empereur Wanli une épinette, une mappemonde et deux horloges à sonnerie et a ainsi contribué au développement de l'horlogerie moderne en Chine.

La musique fut aussi pour le jésuite un moyen de transmettre le message de l'Evangile. Il publia en 1608, à Pékin, un recueil de huit airs avec accompagnement qui reçut un grand accueil et est demeuré célèbre, même si seules les paroles en chinois sont parvenues jusqu'à nous, la musique ayant été perdue.

Premier Européen invité à la cour impériale de Pékin, Ricci a été inhumé - fait exceptionnel - à proximité de la Cité interdite. L'an 2010 a commémoré le 400e anniversaire de la mort de ce jésuite qui a ouvert les portes de la Chine.

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