Yvan Mudry
Un pur bonheur!
La plus savoureuse des nourritures
St-Maurice, Saint-Augustin 2018,
142 p.
Poursuivant sa quête d’une écriture qui rejoigne l’expérience de tout homme, l’auteur nous offre en ce livre une petite phénoménologie du bonheur. Faisant pleinement droit à la catégorie de l’événement, jaillissement qui vient instaurer un monde nouveau pour celui à qui il advient, il décrit le mouvement de ce qui nous arrive, de ce qui a son origine en amont et qui vient à nous.
Martin Steffens
L’éternité reçue
Paris, Desclée de Brouwer 2017, 252 p.
Sans esquives et en toute probité, l’auteur prend à bras le corps la question de la mort. Excluant d’emblée les paix morbides, «tout ce qui inocule à la vie les paroles doucereuses qui l’aident à mourir», «ces sagesses de camomille» comme il les nomme, il épingle dans un premier chapitre aussi bien l’indifférence stoïque, la tentation rampante de la mort contrôlée (suicide assisté, euthanasie), qu’une certaine conception occidentale de la posture bouddhiste qui voit notre désir comme une illusion et notre attachement à la vie terrestre comme une entrave.
Christoph Theobald
Urgences pastorales
Comprendre, partager, réformer
Paris, Bayard 2017, 538 p.
Le christianisme est en crise en Europe de l’Ouest. Nul ne peut le contester. «Urgences pastorales» est un maître livre pour -comme le laisse entendre le sous-titre- comprendre et réformer l’Église, qui est à la fois porteuse et messagère de l’Évangile pour notre monde.
S’asseyant à poser un diagnostic du temps présent, Christoph Theobald prend la mesure de la laïcisation et de la sécularisation de nos sociétés confrontées, par ailleurs, à la résurgence du religieux (Islam et spiritualités orientales), au flux migratoire et à la crise écologique. Exculturé, folklorisé, décrédibilisé -puisque sa représentation de Dieu et du monde est perçue comme mythique-, le christianisme est aussi victime d’une fragmentation de nos existences, ainsi que d’un néodarwinisme inconscient puisque l’avenir de l’humain passe par son augmentation (transhumanisme), ce vieux mythe recyclé qui semble devenir la seule représentation de sens plausible pour nos contemporains.
Nous lui appartenons
Bouche riante
Lorsqu’au cœur de la vie nous nous croyons
Elle ose tout à coup
Pleurer en nous»
(Rainer Maria Rilke, Le livre des images, 1902)
Croyants ou incroyants, nous autres les humains, dans l’insouciance des jours ou l’inquiétude de la nuit, nous ne cessons de nous croire immortels. Je veux dire qu’absorbés dans les tâches quotidiennes, nous faisons comme si la mort ne nous concernait pas. Et lorsque, atteints par le deuil d’un être cher, deuil qui nous soustrait au divertissement et nous recentre sur l’essentiel, nous exprimons l’intime de ce que nous vivons, demeure comme le sentiment d’être exclu, étranger à cette mort qui nous ravit l’être aimé, comme arrêtés à la frontière d’un monde auquel seule notre propre mort donnera accès.
De la mort comme telle, il n’est donc nulle expérience et nulle pensée possible, car le «rien» qu’elle «est» ne peut qu’imposer le silence à toute pensée, tout discours. En effet, comment en parler puisque cet événement unique, qui nous concerne pourtant, échappe précisément à notre expérience intramondaine?
Le nombre d'Occidentaux pratiquant le zen va croissant. Peut-on sans autre transposer cette méthode sans tenir compte du milieu religieux auquel elle est liée ? Perspectives pour un dialogue fructueux entre christianisme et bouddhisme, deux voies aux fondements anthropologiques différents.