Albert Longchamp était un chrétien engagé, pour qui l’écriture était à la fois une passion et une arme, et son métier de journaliste un apostolat. Il n’a jamais ménagé sa peine pour mener les combats qui lui étaient chers, notamment ceux qui relevaient de la justice sociale, sous l'éclairage de la doctrine sociale de l’Église catholique. Il croyait aux vertus de l’information et de la formation pour ce faire.
«Le mot engagement concerne toute personne humaine capable de s’élever au-dessus du "moi préfabriqué", une expression chère à l’abbé Maurice Zundel», écrivait-il en 2007 dans choisir, dans un article intitulé Le pari de l'engagement. «L’engagement permet à la personne de se déterminer face aux défis de la liberté, de la nouveauté et de la responsabilité. La personne humaine est une vocation, elle est marquée par des choix assumés. Elle est créatrice: non contente de reproduire des modèles, elle les renouvelle. La personne humaine est un acteur de sa vie, pas seulement un spectateur. À ce titre, l’engagement est le contraire de la déchéance, qu’elle soit morale, culturelle, politique ou technique. D’un point de vue chrétien, Jésus-Christ est l’engagement de Dieu dans l’humanité. Dieu, en Jésus-Christ, assume l’humanité jusque dans ses dimensions dramatiques. L’engagement de Jésus sera total, jusque dans la mort sur une croix. Toutefois son engagement n’est jamais un embrigadement: "Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne.» Et de conclure: «Pour oser le risque de l’engagement, il faut cette Présence imprononçable. Qu’elle soit sensible ou impalpable, cette Présence est la médiation vitale du consentement humain.»
Une vie bien remplie
Né le 31 août 1941 à Echallens (VD), d'un père menuisier et d'une mère couturière, Albert Longchamp obtient sa maturité fédérale à l'école collégiale des bénédictins d'Engelberg en 1962, puis entre au noviciat des jésuites de Fribourg. Entre 1965 et 1968, il suit des études de philosophie à Pullach, en Allemagne, puis de théologie à Lyon et à Paris de 1970 à 1974. Parallèlement, il obtient une licence en lettres et une maîtrise en sociologie à Lyon III. Ordonné prêtre le 30 juin 1973, il part en stage à New York, puis au Québec où il travaillera trois ans durant - il gardera d'ailleurs un attachement particulier pour cette province du Canada, où il se rendra parfois pour se ressourcer. Il prononce ses vœux définitifs en 1978.
Outre son engagement à la revue choisir, le Père Longchamp sj est bien connu du monde des médias -chrétiens mais pas seulement- pour avoir dirigé pendant 20 ans, de 1985 à 2005, L’Écho illustré (devenu ensuite l’Écho Magazine), contribué à l’hebdomadaire français Témoignage chrétien (fondé pendant la Seconde Guerre mondiale par le jésuite Pierre Chaillet), dirigé le mensuel Foi et Développement (aujourd’hui Développement et Civilisations), assuré la présidence de la Fédération internationale des journalistes catholiques de l’UCIP (Union catholique internationale de la presse), enseigné l’éthique des médias à l’Université de Fribourg et présidé la Commission des médias de la Conférence des évêques suisses (CES)!
Il a aussi assumé les charges de supérieur de la Communauté jésuite de Genève et de provincial des jésuites de Suisse. Citons encore son implication au sein de la Fondation Maurice Zundel dont il a été président, ses nombreuses conférences, quelques ouvrages à son actif et ses voyages comme accompagnateur spirituel avec l'agence Pèlerinages bibliques romands (PBR), aujourd'hui disparue.
Non, Albert ne ménageait vraiment pas ses forces... Nos pensées émues et nos prières l'accompagnent pour son dernier voyage.
L’an dernier, à l’occasion des 80 ans du Père Longchamp sj, son confrère Jean-Blaise Fellay sj lui rendait hommage. Un article à lire sur le site des jésuites d’Europe centrale.